Liquidation de l’ex Biaoc : les créanciers d’Epargne Fess, Chanas, aux aguets
Ces établissements qui ont fait faillite mais créanciers de l’ex-Biaoc et ex-Crédit agricole du Cameroun (CAC), verront bientôt leur portefeuille renfloué grâce au paiement annoncé de la liquidation justement de ces deux banques.
Marie Rose Messi, directeur général de la Société de recouvrement des créances du Cameroun (SRC) invite depuis le 24 septembre, les créanciers des banques en liquidation « Banque meridien Biao Cameroun » (BMBC) et « Crédit agricole du Cameroun ». Parmi les créanciers invités à passer prendre possession de leurs chèques d’indemnisation au siège de la SRC, l’on note les établissements Epargne Fess Cameroun, Chanas Assurance. Ces établissements ont en commun la faillite mais ils vont bientôt bénéficier d’une manne financière. Par effet domino, les clients désabusés d’Epargne Fess Cameroun, Chanas Assurance pourraient aussi bénéficier de l’argent annoncé.
Epargne Fess Cameroun, l’ancêtre de la régionale d’épargne et de crédits, nait dans une conjoncture difficile marquée par la combinaison de plusieurs facteurs. Parmi les plus significatifs, les troubles socio-politiques et les villes mortes provoquées par l’avènement de la démocratie. A cela s’ajoute une crise économique sévère aux conséquences ravageuses qui entrainent la fermeture de plusieurs banques et établissements de crédit , sans compter le train de mesures imposés par les institutions de Bretton Woods visant la baisse des salaires et la réduction des effectifs de la fonction publique, des sociétés publiques et parapubliques. La mobilisation des fonds est donc difficile dans un tel environnement. Le 02 octobre 1993, Epargne Fess Cameroun lance ses activités avec seulement environ trois millions de francs CFA. Fort heureusement, l’institution est très vite adoptée par le public parce que ses produits sont adaptés aux besoins des populations. En quatre années, les résultats sont à la mesure des efforts déployés : 22 agences ouvertes, 50.000 comptes ouverts, 2,5 milliards de dépôts collectés.
Cependant, l’ascension prise depuis le lancement des activités le 02 octobre 1993 est brisée cinq ans plus tard par des dissensions internes. Ces dernières aboutissent à l’éviction du principal promoteur. En moins d’une année, la chute de l’entreprise est brutale. Perte sèche de plus d’un milliard de francs CFA, personnel démobilisé, fermeture de la Direction Générale, etc. Au cours d’une assemblée générale le 05 décembre 1998, il revient aux affaires et engage aussitôt les réformes qui s’imposent. Suspension des organes de gestion et concentration des pouvoirs sur le promoteur en tant que seul administrateur, titrisation des dépôts des clients, réorientation stratégique de l’entreprise et redéfinition de son identité. Ces mesures fortes débouchent sur la mise à plat d’Epargne Fess Cameroun qui devient la Régionale d’épargne et de crédits.
Chanas Assurance
Les pertes enregistrées en 2013 par Chanas Assurances, le mastodonte du secteur des assurances au Cameroun, approcheraient la somme de 2 milliards de francs Cfa, vient de révéler Financial Afrik. Selon ce site d’information, «le leader camerounais de la branche IARDT paye là le prix de son instabilité managériale au cours de ces dernières années».
En effet, depuis bientôt deux ans, un bras de fer s’est fait jour au sein de l’équipe dirigeante et du conseil d’administration de Chanas Assurances, créant un climat délétère entre les principaux actionnaires de la compagnie, le tout sur fond d’injonctions et de menaces de sanctions du régulateur du secteur des assurances en Afrique centrale et de l’Ouest, la CIMA.
Le pic de la bataille entre Mme Cassalegno, l’ex-PDG, et les autres actionnaires de Chanas (notamment la SNH), pour le contrôle de cette compagnie, a été atteint en septembre 2013, avec l’éviction de la toute puissante PDG, contre son gré et en dépit des injonctions de la CIMA en vue de la suppression du poste de PDG ; et la nomination d’un DG, en la personne d’Henri Ewélé.
Cette reprise en main apparente de l’entreprise autrefois outrancièrement contrôlée par Mme Cassalegno, ne durera finalement que le temps d’une rose. En effet, sept mois seulement après sa nomination, Henri Ewélé, fortement contesté par Jacqueline Cassalegno, bientôt 89 ans, sera limogé au profit d’Albert Pamsy, réputé très proche de celle qu’on a «surnommé la dame de fer».