Les solutions de Tony Elumelu pour sortir l’Afrique de la «mendicité»
Le président du conseil d’Administration et fondateur de la United Bank for Africa (Uba) appelle les décideurs africains à saisir l'opportunité de la pandémie de Covid-19 pour sortir du joug de l'endettement en misant sur la jeunesse, le commerce intra-africain et les ressources électriques. L'homme d'affaires nigérian propose pour se faire la mise sur pied d'un «Plan Marshall» au profit du continent.
«Un plan Marshall» pour l’Afrique. C’est la proposition formulée par l’homme d’affaires nigérian Tony Elumelu, pour «sortir du fardeau de la dette contractée auprès des pays développés». L’ambitieux projet du président d’Uba, a été présenté lors d’une table ronde organisée par le New-York Forum Institute. Forum auquel ont participé plusieurs chefs d’Etats africains au rang desquels Mohamadou Issoufou du Niger Uhuru Kenyatta du Kenya, Alassane Ouattara de la Côte-d’Ivoire, Macky Sall du Sénégal et Julius Bio de la Sierra-Leone. Ont également pris part à ce forum sur le thème «un monde résilient : un appel pour un nouvel ordre mondial», le Dr. Ngozi Okonjo-Iweala et Tidjane Thiam, envoyés spéciaux de l’Union Africaine (UA) pour le Covid-19.
L’offre énergétique africaine reste en effet largement en deçà de la demande. Une étude de la Banque mondiale fait état de ce que plus de 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. D’après Tony Elumelu, le principal challenge de l’Afrique repose sur l’électricité, les énergies renouvelables et la jeunesse.
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Convaincu que l’Afrique dispose d’importantes ressources, l’électricité demeure selon l’homme d’affaires, la voie royale de son émergence. «Il est évident que si nous gagnons la bataille de l’électricité, nous pouvons assurer la stabilité de l’environnement macroéconomique, garantir l’investissement jeune, autonomiser les petites et moyennes entreprises» a-t-il déclaré. L’homme d’affaire ne cache pas son ambition de doter la jeunesse de moyens lui permettant d’impulser le développement économique tant souhaité. « Nous devons donner la priorité aux jeunes. Nous nous sommes engagés à doter 100 millions de dollars pour soutenir les jeunes entrepreneurs africains et nous avons vu les résultats positifs produits. Il est urgent de donner la priorité à nos jeunes et de responsabiliser nos Pme».
La théorie du président de Uba fait ainsi un lien direct entre la Covid-19, la promotion de l’entrepreneuriat, l’indépendance économique et financière de l’Afrique. Chose que partage amplement Tidjane Thiam. «Plutôt que de dépendre de l’aide internationale à chaque point, il est nécessaire que les gouvernements et les institutions investissent dans des activités qui donneront la priorité aux jeunes et créeront un environnement favorable. Nous devons nous débarrasser de ce cycle de la dette parce que le rééchelonnement constant et la demande d’allègement des dettes ne sont pas bons pour l’Afrique».
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Pour Okonjo-Iweala, «nous pouvons considérer la pandémie de Covid-19 comme une opportunité pour le continent. Cela passe également par l’autonomisation des femmes, des jeunes, la spécialisation de nos entreprises manufacturières. Nous avons un accord de libre-échange africain, et nous devons le concrétiser.»
La sortie de Tony Elumelu rejoint celles formulées par plusieurs personnalités africaines à l’instar de l’économiste togolais Kako Nabukpo ou le chercheur camerounais Achille Mbembe. «Je pense que lorsque nous engageons le reste du monde à nous venir en aide, nous devons au même moment chercher une solution plus fondamentale aux défis de l’Afrique. Je plaide pour un plan Marshall pour notre continent. Nous devons mobiliser tout le monde autour de ce plan. Nous pourrons ainsi atténuer cette constante mendicité d’assistance », a conclu l’homme d’affaires nigérian.
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