Fcfa : l’Afrique Centrale réfléchit toujours
Le délai «raisonnable» fixé à la Cemac et à la Beac par les chefs d’Etat de la sous-région pour proposer un schéma de réforme de la monnaie commune n’est manifestement pas encore épuisé.
Le 22 novembre 2019, les chefs d’Etat des pays de la Communauté Économique et monétaire de l’Afrique centrale (Paul Biya du Cameroun, Faustin Archange Touadera de RCA, Denis Sassou Nguesso du Congo, Téodoro Obiang Nguema Mbasogo de Guinée Equatoriale, Idriss Deby Itno du Tchad, le Gabon était représenté par son Premier ministre, Julien Nkoghe Bekale) s’étaient retrouvés à Yaoundé, pour examiner la situation économique et monétaire de cette sous-région. Ce sommet extraordinaire avait pour but, entre autres, de faire le point des programmes économiques et financiers de première génération conclus avec le Fonds monétaire international (FMI), mais surtout, de donner la position de l’Afrique centrale face à la vive polémique imposée dans l’espace public, par des leaders de la société civile et activistes au sujet du franc Cfa.
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«Examinant spécifiquement la question monétaire, les Chefs d’Etat et de gouvernement ont affirmé leur volonté de disposer d’une monnaie commune stable et forte. Concernant particulièrement la coopération monétaire avec la France, portant sur le franc CFA, ils ont décidé d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération. A cet effet, ils ont chargé la Commission de la Cemac et la Beac de proposer, dans des délais raisonnables, un schéma approprié, conduisant à l’évolution de la monnaie commune», avaient annoncé les chefs d’Etat de la Cemac, à l’issue de ce sommet extraordinaire. Une option qui fut à l’époque diversement appréciée : démarche prudente, méthodique et raisonnable pour les uns, «fuite en avant», «procrastination», et même «ponce-pilatisme» pour d’autres.
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En tous les cas, six mois après ce sommet, aucune information n’a filtré dans l’espace public au sujet des travaux de la Commission de la Cemac et la Beac relatifs à l’évolution du franc Cfa d’Afrique centrale. Pourtant, la région, dont la balance des paiements reste structurellement déficitaire entrainant des cycles répétitifs d’instabilité extérieure de sa monnaie et de menace de dévaluation, a grand besoin de dépoussiérer sa relation monétaire avec la France. L’Uemoa ayant décidé d’avancer sur la question, même à petits pas et à reculons, son expérience sera particulièrement guettée en Afrique centrale. Astucieusement, les pays de la Cemac pourront tirer avantage des leçons tirées des éventuels faux pas de l’Uemoa.
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