Crise anglophone : la recette du Gicam pour réduire l’impact sur l’économie
Le principal regroupement patronal du Cameroun propose tout un « Plan Marshall » pour le relèvement économique des régions du Nord-Ouest du Sud-Ouest.
La menace d’effondrement de l’économie camerounaise du fait de la crise socio-politique qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun est donc réelle. Et, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), pour son étude sur les conséquences économiques et les impacts sur l’activité des entreprises, de l’insécurité dans ces régions au mois de juillet, va au-delà du simple constat. Mais le principal regroupement patronal du Cameroun propose des pistes pour réduire les impacts post-crise. La principale recette du Gicam est la mise en place d’un véritable « Plan Marshall » pour le relèvement économique de ces régions. De manière précise, le Gicam propose de remettre à niveau les infrastructures et équipements détruits, y compris par des subventions aux entités privées touchées ; mettre en place un plan de subventionnement massif des mastodontes agroindustrielles installées dans ces zones et particulièrement sinistrées (CDC, PAMOL, …); octroyer des appuis spécifiques aux producteurs agricoles pour reconstituer leurs matériel végétal et relancer les productions vivrières indispensables pour assurer la sécurité alimentaire des populations ; instaurer des incitations spécifiques et probantes pour les investissements réalisées dans ces Régions. Et enfin, relancer et intensifier la construction d’infrastructures publiques (écoles, routes, adduction d’eau, électrification, bâtiments administratifs, …) dans les deux régions.
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Pour le Gicam, ces solutions sont à mettre en place en urgence, compte tenu du risque désormais grand de voir la dégradation se généraliser à l’ensemble de l’économie du pays, notamment via un resserrement excessif des conditions de crédits, au regard du contexte économique fragile (accumulation de déficits budgétaires publics suite à la chute drastique des cours de matières premières, pénuries de devises) dans laquelle cette crise est intervenue. Le Gicam estime donc que c’est l’ensemble du climat des affaires qui en souffre, impactant négativement l’attractivité du pays pour de nouveaux investisseurs avec des risques de délocalisation de certains investissements et le recul de la notation du Cameroun sur les classements internationaux (Doing business notamment). De l’avis du Gicam, la mise en œuvre d’un plan de mitigation est le moindre pour des entreprises écartelées par la crise, et en proie au spectre des dépôts de bilan et des licenciements massifs qui se profile pour l’ensemble d’entre elles, avec des risques sérieux de désagrégation économique et sociale de ces deux régions.
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Dans le climat d’incertitude actuel, le Gicam pense qu’il est nécessaire de doper l’activité économique dans les autres régions afin d’amortir le choc du ralentissement observé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. De fait, la réalisation des objectifs de croissance convenus avec les partenaires internationaux dépend désormais de la capacité à éviter la propagation des effets de la crise et à assurer un rythme d’activité plus important dans les autres régions. A ce titre, il convient d’octroyer des autorisations spéciales d’importations de matières premières aux industries éprouvant des difficultés d’accès à ces régions ; le cas notamment des unités de transformation locale de cacao; tout mettre en œuvre pour préserver l’organisation de la CAN 2019 dont la tenue pourrait être hypothéquée par le climat d’insécurité et veiller à impliquer autant que possible les entreprises locales dans cet évènement ; accélérer le remboursement de la dette de l’Etat due aux PME ; accélérer certaines réformes sectorielles pour restaurer la confiance et offrir de la visibilité à moyen terme aux investisseurs ; observer une véritable pause fiscale en s’assurant notamment que la loi de finances 2019 n’introduise pas de contraintes et de pressions fiscales supplémentaires pour les entreprises, etc.
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La Rédaction EcoMatin