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Aide publique à la presse privée : des patrons de presse critiquent l’arrêté du Mincom

Le président du Répac, François Mboke, a fait savoir au ministre de tutelle que la réorganisation des modalités d’accès à l’aide publique à la communication comporte des manquements. Lequel arrêté ne présage pas d’une amélioration des conditions financières des entreprises de presse du Cameroun.

Une semaine après l’arrêté n°31/Mincom du 13 avril 2020, émanant du minis­tère de la Communication et portant réorganisation des modalités d’accès au béné­fice de l’aide publique à la communication privée, des chefs d’entreprises de presse du Cameroun ont fait savoir à la tutelle leur déception. Le 20 avril en effet, le président du Réseau des Patrons de Presse du Cameroun (Répac) a commis un communiqué dans lequel il exprime au total sept réserves et inquiétudes à propos de ce texte. François Mboke souligne en premier lieu que le processus pour aboutir à cet arrêté de René Emmanuel Sadi a été fait sans la participation des éditeurs de presse. Les membres du Répac auraient en tout cas souhaité être associés, ce qui aurait permis d’aboutir à un « document consensuel ».

Les patrons de presse s’in­quiètent également du « re­tour à l’inquisition et partant à la répression, avec l’intro­duction de la police comme membre de la commission ». En effet, une Commission nationale en charge de l’exa­men des dossiers de demande d’accès à l’aide a été instituée. Outre les représentants des éditeurs, elle est constituée de représentants de diverses administrations publiques. Ce qui inquiète les membres du Répac c’est le retour d’un représentant de la Délégation générale à la sureté nationale (DGSN), la police, au sein de cette commission.

>>Lire aussi-Aide publique à la communication privée : les paiements se feront désormais par virement bancaire

Montant de la cagnotte

Autre inquiétude : la non publication du montant alloué à cet appui institutionnel. Comme par le passé, le mi­nistère de la Communication se fait discret sur le montant exact à allouer à la presse à capitaux privés (exclus les médias audiovisuels). Tout ce que l’on apprend auprès des responsables c’est qu’elle reste dans les mêmes propor­tions que les 240 millions de FCFA versés aux médias à capitaux privés en 2018 ; les mêmes médias n’ayant rien perçu l’an dernier.

Toujours est-il que le volet des finances reste préoccupant pour les patrons de presse. L’arrêté de René Emmanuel Sadi stipule en son article 4 que l’appui institutionnel de l’Etat à la presse à capitaux privés est octroyé selon les domaines et les types d’inter­ventions. Il s’agira, apprend-on, du matériel technique d’exploitation, de l’achat des intrants matériels essentiels servant la production des contenus médiatiques, d’une allocation financière pour la couverture des grands évène­ments nationaux et internatio­naux, d’un appui financier à la distribution des journaux, et du renforcement des capaci­tés des personnels des médias concernés.

Sauf qu’une fois de plus, d’après certains patrons, le ministre en charge de la Presse est passé à côté d’un sujet essentiel : la régulation de la publicité dans les mé­dias. Pour certains directeurs de publication, le principal problème de la presse écrite est d’abord au niveau de la trésorerie. « Il ne sert à rien d’avoir 1 000 ordinateurs et ne pas avoir de connexion internet. Or, nos principales ressources financières c’est la publicité. Si nous n’en avons pas, d’où viendront les res­sources financières. Le Min­com montre d’ailleurs qu’il reste dans l’ancien modèle de gestion de la presse : sinon, pourquoi n’a-t-il pas fait pas­ser son arrêté dans plusieurs médias à capitaux privés ? », s’interroge un responsable de média.

Mémorandum du secteur

En attendant que la question du financement soit véritable­ment prise en compte dans le cadre de l’aide de l’Etat aux entreprises de presse à capi­taux publics, il faut revenir aux autres préoccupations du Répac qui s’inquiète de l’alourdissement du dossier d’accès à cet appui institu­tionnel ; l’introduction des charges liées à la couverture médiatique des évènements, qui relève pourtant de la cui­sine interne de chaque média ; de la mise en avant du direc­teur de publication et non de l’entreprise ; et enfin, le si­lence sur le nécessaire toilet­tage des critères de nomina­tion des membres du Conseil national de la Communica­tion (CNC) et des procédures en vigueur dans ce conseil, « pour éviter des règlements de compte ».

L’institution présidée par François Mboke souligne, à titre de rappel, qu’un mémo­randum visant la réforme de l’aide à la presse avait été remis au Premier ministre et au ministre de la Commu­nication il y a plus de cinq ans afin de la rendre plus efficiente et adaptée. René Emmanuel Sadi, qui pensait avoir beaucoup avancé en ce qui concerne l’amélioration de l’aide de l’Etat à la presse à capitaux privés n’est pas encore sorti de l’auberge.

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