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Appui du FMI contre le Covid-19 : le Cameroun victime de son inertie

Yaoundé peine à boucler son dossier pour bénéficier d’un crédit de 110 milliards de FCFA disponible au FMI… Paul Biya frappe du poing sur la table !

D’abord envisagé le 22 avril, l’examen du dossier du Ca­meroun devant le Conseil d’administration (CA) du Fonds monétaire internatio­nal est annoncé le 28 avril prochain. Cette instance doit se prononcer sur l’octroi ou non d’un prêt d’une valeur d’environ 110 milliards de FCFA au Cameroun au titre de la Facilité de crédit rapide (FCR). Cet instrument, des­tiné aux pays à faible revenu qui se heurtent à un problème immédiat de balance de paie­ments, est notamment utilisé par le FMI pour apporter un « appui » aux pays africains en proie à la crise du Coronavi­rus. Il s’agit d’un crédit avec un taux d’intérêt nul rembour­sable en dix ans.

Lenteurs

En Afrique centrale, le Gabon (88,2 milliards de FCFA) et le Tchad (69 milliards de FCFA) ont vu leurs dossiers validés par le CA du FMI respective­ment les 9 et le 14 avril 2020. Mais celui du Cameroun tarde à aboutir… « Le FMI a accepté de mettre à la dispo­sition du Cameroun un appui budgétaire de 110 milliards de FCFA au titre de la Faci­lité de crédit rapide », indi­quait pourtant à EcoMatin, il y a quelques semaines, une source au sein de l’adminis­tration camerounaise.

Qu’est-ce qui fait donc pro­blème ? Une autre source ap­prochée en début de semaine dernière nous a mis sur la piste sans s’en rendre compte. « C’est un financement qui ne souffre de rien, même si jusqu’à jeudi (9 avril 2020 NDLR), la lettre d’intention du Cameroun au FMI n’était pas encore signée ». La lettre d’intention, premier acte for­malisé, est indispensable pour la suite du processus. Elle permet de synthétiser les né­gociations déjà intervenues, de cadrer les négociations futures et de formaliser claire­ment l’intérêt du pays pour le crédit. Et pourtant, selon nos sources, elle n’est toujours pas finalisée.

>>Lire aussi: Coronavirus : le FMI accorde 110 milliards FCFA de prêts non concessionnels au Cameroun

Paul Biya

« Un certain nombre de pays qui ont vite pris la mesure de l’impact du Covid-19 ont ap­proché le FMI et négocié pour obtenir rapidement les décais­sements au titre de la FCR. Le Cameroun est encore en train d’étudier les conséquences économiques de cette crise. Nous espérons que son dos­sier sera prêt pour être exa­miné par le Conseil le 28 avril 2020 comme prévu », indique une source interne au FMI.

Pour cette source, les lenteurs sont internes. « C’est pour­quoi le président de la Répu­blique a officiellement tapé du poing sur la table », indique-t-elle faisant allusion à la décla­ration spéciale du Premier mi­nistre du 16 avril au sujet de la stratégie gouvernementale de riposte face à la pandémie du coronavirus.

Dans cette déclaration, Joseph Dion Ngute indique en effet que le chef de l’État a instruit « la finalisation en urgence de l’étude visant à évaluer l’impact du Covid-19 sur l’économie, et de déterminer en urgence les mesures d’ac­compagnement à mettre en oeuvre pour soutenir les sec­teurs d’activités en difficulté, ainsi que les ménages les plus fragiles ». « Normalement on n’a pas besoin de demander aux services des ministères de l’Économie et des Finances de faire leur boulot », s’indigne un Camerounais en service dans une institution financière internationale.

Opportunités

« Ailleurs, dès le déclen­chement de la crise, les simulations d’impacts ont commencé et très vite, des mesures ont été annoncées et le soutien de la communauté internationale s’est manifesté. Au Cameroun, on ne se rend même pas compte que c’est une aubaine. Les partenaires sont obligés d’être moins re­gardants comme on agit dans l’urgence. Donc à trop trainer ils peuvent même se rendre compte qu’en fait l’impact est marginal et se faire plus durs sur les conditionnalités. Nos frères de l’Afrique de l’ouest l’ont compris. Presque tous ont déjà élaboré leur plan et même reçu les appuis néces­saires », pense-t-il.

« Il y’a des pays qui annoncent des plans visiblement suré­valués, mais on fait avec », admet une source interne au FMI. « Le Tchad, qui vient par exemple de bénéficier de la FCR, estime son plan de riposte à 943 milliards de FCFA près de la taille de son budget 2020 (1209 milliards FCFA) alors qu’il compte à ce jour (17 avril 2017 NDLR) moins de 20 cas positifs de coronavirus ». « Il y a des choses qui sont faites, mais le pool de décision est ailleurs. Malheureusement cela ralen­tit la machine », confesse un fonctionnaire impliqué dans le dossier.

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