Comptes publics : Un trou de 601 milliards dans le budget de l’Etat
A fin juin 2018, le solde primaire se situe à -190,5 milliards de FCFA et celui relatif au secteur non pétrolier s’établi à -410,7 milliards de FCFA.
Il manque près de 600 milliards dans les caisses de l’Etat au terme du premier semestre de l’exercice 2018, reflétant les recettes et dons mobilisés et les dépenses exécutées. C’est ce qu’indique l’exécution budgétaire publiée par le ministère des Finances. Dans les faits, le solde primaire se situe à -190,5 milliards de FCFA. Le solde primaire non pétrolier s’établit à -410,7 milliards de FCFA. Ce qui fait un déficit total de 601,2 milliards de FCFA dans les soldes budgétaires de base. Qu’est-ce qui a pu causer ces déficits ?
Si l’on prend le domaine des recettes pétrolières, l’exécution budgétaire renseigne que ces ressources se chiffrent à 220,1 milliards de FCFA à fin juin 2018, en hausse de 24,7 milliards (+12,6%) par rapport à fin juin de 2017. Cette performance, selon le Minfi, est essentiellement du fait de la hausse de 35,6% des cours mondiaux du pétrole en glissement annuel. Les ressources générées dans ce secteur en fin juin 2018 comprennent 186 milliards de FCFA de redevance pétrolière au niveau de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et 34,1 milliards d’impôts sur les sociétés pétrolières, en général. Seulement, indique le Minfi, par rapport aux 206,8% de prévision semestrielle, les recettes pétrolières enregistrent un taux de réalisation de 106,5%.
Pour ce qui concerne les recettes non pétrolières, elles passent de 1 278,4 milliards de FCFA à fin juin 2017 à 1341,1 milliards à fin juin 2018, soit une augmentation de 62,7 milliards (+4,9%) entre les deux périodes. Par rapport aux 1421 milliards de prévision semestrielle, elles sont en retrait de 79,9 milliards de FCFA, soit un taux de réalisation de 94,4%. « Cette sous performance, indique le Minfi, s’explique par les sous réalisations enregistrées au niveau des recettes fiscales et des recettes non fiscales. Les recouvrements de ces recettes ont notamment subi l’impact négatif de la morosité de l’activité économique de l’année 2017 ».
Afin d’assurer une bonne exécution du budget de l’Etat et l’atteinte des objectifs de l’année 2018, dans un contexte économique, social et budgétaire relativement difficile, des mesures ont été prises depuis le début du second trimestre. Elles concernent notamment le renforcement de la mobilisation des recettes non pétrolières, le resserrement de la régulation budgétaire et l’amélioration du contrôle de l’effectivité de la dépense publique.
Impôts et taxes
L’exécution budgétaire du Cameroun à fin juin 2018 indique les recettes des impôts et taxes recouvrées au terme du premier semestre de l’exercice en cours, s’élèvent à 908,8 milliards de FCFA contre 884,5 milliards de FCFA au premier semestre 2017, soit une hausse de 23,8 milliards (+2,7%) en glissement annuel. Cette hausse, explique le document, est principalement induite par l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) qui augmente de 4,9 milliards de FCFA, la TVA (+1,9 milliard), l’impôt sur les sociétés non pétrolières (+32 milliards), et la taxe spéciale sur les produits pétroliers (+4,4 milliards). Seulement, par rapport aux 935 milliards de FCFA d’objectif du premier semestre 2018, les recettes d’impôts et taxes sont en retrait de 26,7 milliards de FCFA, soit un taux de réalisation de 97,1%.
« Cette sous réalisation, explique la note sur l’exécution budgétaire, s’observe principalement au niveau de l’impôt sur les sociétés non pétrolières qui affiche un taux de réalisation de 90,3%, des droits d’accises (94,4%) et des droits d’enregistrement et du timbre (86,4%), qui subissent les contrecoups de la conjoncture économique difficile, et des perturbations d’activités dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».
Le ministère des Finances annonce d’ores et déjà que, pour permettre l’atteinte de l’objectif annuel en matière d’impôts et taxes, des actions sont menées depuis le début du second semestre pour combler le gap. Elles consistent principalement au renforcement du recouvrement des arriérés et du contrôle fiscal et à l’optimisation de la mobilisation des impôts des taxes payées par les administrations publiques.
La Rédaction EcoMatin