Remboursement de la dette : Le bol d’air qui vient du G20
Grâce au moratoire de 12 mois sur le service de la dette décidé par les 20 pays les plus indus-trialisés du monde, le Cameroun devrait disposer d’un levier budgétaire de plus de 232 milliards de FCFA cette année.
À l’issue d’une visio-conférence tenue le 15 avril dernier, les ministres des Finances du G20 et les autres créanciers bilatéraux ont décidé de suspendre pendant 12 mois, le service de la dette de 77 pays en voie de développement. La liste de ces pays n’est pas encore disponible. Mais on sait déjà que le Cameroun en fait partie. L’information a été révélée le lendemain par l’ambassadeur de France au Cameroun, au sortir d’une audience avec le président de la République, Paul Biya.
Dans son budget 2020, le Cameroun a prévu de consacrer une partie de ces recettes (un peu plus de 720 milliards de FCFA) pour rembourser l’argent qu’il doit à ses partenaires. Une partie de cette enveloppe (232, 2 milliards de FCFA) devait bénéficier aux créanciers bilatéraux. Avec cette décision, ces derniers autorisent le Cameroun à leur rembourser cet argent plutôt en 2021. Dans ce cadre de l’effort de la France, qui a été l’initiateur de ce moratoire, se chiffre à 60 milliards de FCFA, soit plus de 25% du montant total. C’est l’une des nouvelles que Christophe Guilhou est allé porter à Paul Biya.
Pour les 20 pays les plus industrialisés du monde, qui parlent d’un acte de « solidarité internationale de portée historique », l’idée est de permettre aux pays concernés de se concentrer sur la crise sanitaire et d’oublier un peu le fardeau du remboursement de la dette pendant un an.
Mais plusieurs économistes africains jugent cette suspension inefficace. « Ces dettes ne sont pas annulées, du coup les remboursements attendus en 2020 seront toujours dus en 2021. Ils seront même majorés des intérêts accumulés sur la période, et la dette, l’année prochaine, sera d’autant plus insoutenable », dénonce par exemple la Plateforme d’ONG dette et développement.
Tidjane Thiam reconnait cette faiblesse dans « l’offre du G20 », mais estime que face à l’urgence, on ne pouvait attendre plus longtemps la meilleure des solutions. « Il y a un sentiment d’urgence depuis qu’on a commencé ce travail. C’est clair qu’il s’agit d’un moratoire. Mais cela nous donne le temps de prendre des mesures plus permanentes, de traiter le cas échéant, la question de la dette et avoir des restructurations là où elles sont nécessaires. », indique le membre de la Task Force de l’Union africaine contre le Covid-19. Le chemin reste donc long pour le Cameroun et les autres pays de la Cemac qui souhaitent une annulation totale de leurs dettes.
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