Filière coton: le spectre de la crise plane toujours
La baisse du cours mondial du coton continue à maintenir les producteurs dans la précarité, malgré une augmentation constante de la production.
Les trois dernières années ont certes été marquées par une amélioration de la production, mais le producteur de coton n’est pas encore tiré de la précarité. Les mauvaises performances des années antérieures (marquées par une baisse de la production à 180 000 tonnes entre 2010 et 2013 et les problèmes liés à la commercialisation dus à un défaut de logistique pour le transport du produit dans les champs afin de rallier les sites de commercialisation créés par la Sodecoton, unique centrale officielle basée dans la ville de Garoua) semblent avoir été résolues. Mais les difficultés des producteurs à s’acquitter de leurs crédits octroyés par la Sodecoton, principal bailleur de fonds de la filière, cachent mal la crise qui perdure. Cette dette représentant les subventions accordées pour l’approvisionnement en engrais, pesticides et autres intrants était cumulée à plus de 2 milliards FCFA en quatre ans. La recherche des solutions à ces problèmes a d’ailleurs amené les acteurs à exclure bon nombre de ce financement, contribuant à baisser le nombre des producteurs à 200 000 personnes. « On s’est rendu compte que tous les 350 000 producteurs recensés n’étaient pas des vrais », déplore Bebnone Payounni, vice-président de la CNPCC.
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Par ailleurs, si les coûts de production ont augmenté au fil des ans avec la hausse des prix des intrants tels que les engrais et les pesticides, le prix de revient lui, n’a presque pas varié, plafonné à 250 FCFA le kg depuis plusieurs années. C’est que la baisse du cours mondial du coton des années 90, principal facteur des crises successives dans la filière, continue de maintenir les producteurs dans la précarité. Elle a vu la production des 360 000 tonnes des années 2005-2006 chuter considérablement. La régression de la filière se décline selon les experts en baisse des superficies de 40%, baisse de la production de 40%, et des rendements de 28%, et des recettes d’exportation de 35%. Une crise qui tient aussi à la faible industrialisation. seulement 5% de cette production est absorbée par le marché local pour une transformation de 40 000 à 125 000 tonnes par la Sodecoton et puis 54% de coton graine repartis entre 10% pour la semence et 90% à l’huilerie dont la capacité de production annuelle est établie à 120 000 tonnes de graines, pour un potentiel de 21 millions de litres d’huile raffinée et 80 000 tonnes d’aliments de bétail.
La Rédaction EcoMatin
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