Les résultats de la Mirap en demi-teinte
Les magasins de la Mission de régulation des approvisionnements des produits de grande consommation (Mirap) sont disponibles dans trois autres régions du Cameroun, mais elle peine à donner satisfaction sur le terrain.
Depuis l’annonce des mesures de restrictions au soir du 17 mars derniers, l’entreprise gagne du terrain afin de contrecarrer les ambitions des commerçants tentés par la surenchère des produits. Les responsables de cette structure étatique veillent à la facilitation de l’approvisionnement des ménages en cette période de restriction des déplacements et autres rassemblements, du fait de la crise sanitaire liée au coronavirus. Les experts en économie quant à eux donnent à la Mirap la mention « peut faire mieux ». Une appréciation qui se fonde sur des réalités inquiétantes. Les ressources financières qu’elle a englouties depuis sa création en 2011 sont importantes.
La Mirap fonctionne grâce à une subvention budgétaire de 800 millions de FCFA chaque année. La gestion de ces ressources fait peser des soupçons sur le top management de la boîte. Raoul Simplice Minlo, l’ex-chef de la cellule de communication et du marketing de la Mirap, dénonçait en mars 2017, dans sa lettre de démission, « l’inertie, le manque de vision stratégique et la navigation à vue érigés en mode de management à la Mirap ».
9 ans après le lancement
Dans un échange avec les médias en janvier dernier, l’administrateur de la Mirap avait esquissé le bilan. Il informe que « de 2012 jusqu’à 2018, nous enregistrons près de 1 300 organisations de producteurs qui au moins une fois approvisionnent les marchés Mirap, pour un niveau d’approvisionnement de presque 100 000 tonnes ». Ces organisations ont pu bénéficier des activités de la Mirap, un chiffre d’affaire qui vacille autour de 27 milliards FCFA. « Lorsqu’on fait un sondage auprès de ces derniers, on comprend que cet argent leur permet de payer la scolarité des enfants, d’améliorer leur habitat en milieu rural, leur productivité agricole et d’une manière générale, leur cadre de vie », soutenait alors l’administrateur.
Pour ce qui est des consommateurs, « vous avez une réduction pratiquement du coût du panier de la ménagère qui va de 10 à 15% ». À l’échelle nationale, la Mirap a ouvert des magasins témoins de vente à Garoua, Maroua, Ngaoundéré, Bertoua et Ebolowa. Il en manque 7. Selon Cyprien Mpamzok Ntol, une subvention de 5,5 milliards de FCFA a été accordée à la Mirap. La Mirap en 2017 réclamait déjà comme bilan 2 824 opérations de vente incluant 1 200 organisations de producteurs, pour 84 000 tonnes de produits et un chiffre d’affaires généré de 22 milliards de FCFA.
La Mirap a été créée le 1er février 2011 pour servir d’alerte, acheter, importer et stocker les produits de grande consommation dans l’optique d’un approvisionnement du marché dans de meilleures conditions. Le patron de la Mirap Cyprien Bamzok Ntol, a rappelé à la presse il y a quelques mois que « le modèle que nous avons choisi, à savoir celui de faire que le producteur vienne sur le marché pour proposer son produit, nous permet de réduire le nombre d’intervenants qu’il y a dans la chaîne, de manière à ce que sur le marché Mirap les produits se vendent à des prix qui défient toute concurrence ».