Approvisionnement en super : les lettres de crédit retardent les opérations
Les traders exigent désormais ce moyen de paiement depuis la crise des devises qui a récemment frappé la zone Cemac. Des marketers peinent à finaliser la procédure de débarquement qui coûte 6,4 milliards au Port de Douala.
Par correspondance du 26 mars 2020 adressée par le secrétaire général de la présidence de la République au secrétaire général de la Primature, le président camerounais a marqué son accord sur la mise en œuvre de certaines mesures relatives à l’approvisionnement du marché national en produits pétroliers pour l’exercice 2020. Lesdites mesures portent sur l’attribution d’une marge minimale de 47,88 Fcfa/litre à la Société nationale de raffinage (Sonara), une marge fixe de 16 Fcfa/litre accordée aux importateurs y compris la Sonara pour couverture de leur rémunération, la revalorisation des droits de passage au profit de la Scdp à hauteur de 2Fcfa/litre, et l’ouverture par le gouvernement des négociations avec Afrieximbank, au titre de la mobilisation de la tranche de 300 millions d’euros, destinée à l’importation des produits pétroliers par la Sonara.
Ces mesures conjoncturelles à mettre en application dès le mois de mars 2020 interviennent au moment où le secteur pétrolier est secoué par de vives tensions. Depuis le mois de janvier 2020, le réseau d’approvisionnement et de distribution des hydrocarbures connaît quelques perturbations. Le marché du super notamment. La rareté de ce combustible dans les stations-services du Cameroun s’accentue au regard des stocks de plus en plus insuffisants.
« La pénurie est en train d’être résorbée », rassure cependant une source officielle dans le secteur. Et de confirmer : « il y a actuellement un navire de 40 000 tonnes métriques de Super au mouillage au Port de Douala ». Entre rareté, pénurie et espoir d’approvisionnement, la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures veille sur les prix : Super (630 FCFA/litre) Gasoil (575 FCFA/litre), Pétrole (350 FCFA/litre), bouteille de gaz de 12,5 kV (6500 FCFA).
Il convient de relever que la cargaison en attente de traitement au Port de Douala équivaut à moins d’un mois de consommation locale. La demande mensuelle nationale en Super s’élevant à 43 500 tonnes métriques. Actuellement vendu sur le marché international à 252 USD la tonne métrique (environ 150 000 FCFA), le stock de 40 000 tonnes métriques en accostage au Port de Douala représente l’équivalent en valeur de 6,4 milliards de FCFA.
A qui la faute? Les marketers du secteur, dévoile le spécialiste. Nombreux en activité au Cameroun (Africa Petroleum, Alpha Oil, Aza Afrigaz, BG petroleum, Blessing, Bocom, Camgaz, Cameroon oïl company, Citizen Oil, Corlay, Delta petroleum S.A, Global petrol, Gulfin, Neptune Oil, Oil Lybia, Petrolex, Sctm, Sonara, Total Cameroun, Green Oil…), ils peinent à boucler les opérations d’importation relatives à ce précieux stock. Plus précisément, « certains marketeurs n’ont pas encore levé les lettres de crédit », un processus nécessaire à la finalisation de la transaction.
« C’est un moyen de paiement qu’exigent souvent les traders pour être sûrs que leur cargaison sera effectivement payée », clarifie notre source. En effet, la récente crise des devises en zone Cemac, la plupart des traders préfèrent ce moyen de paiement plus fiable. Rappelons qu’en 2019, le Cameroun a importé plus de 1,540 millions de m3 de produits pétroliers finis (super, gasoil, pétrole lampant, etc.) pour un montant de 518 milliards de FCFA.