L’Etat réclame 1,5 milliard à 3 366 enseignants
La direction générale du Budget, logée au ministère des Finances, vient de publier les résultats du groupe de travail chargé de la vérification circonstanciée et de l’apurement automatique, selon les cas, des rappels des enseignants du ministère des Enseignements secondaires
Selon les résultats dudit groupe de travail, 3 366 personnels du ministère des Enseignements secondaires (Minesec), des promotions allant de 2012 à 2018, ont perçu en trop des rappels de l’ordre 1,59 milliard de FCFA. La direction générale du Budget a donc servi à ces enseignants des ordres de recettes. Les montants perçus en trop varient entre 30 000 FCFA et plus de 10 millions de FCFA par personne. Sur cette liste, certains enseignants devant percevoir un rappel de 14 millions de FCFA ont plutôt touché 25 millions de FCFA.
Rembourser plus 10 millions de FCFA
Par ailleurs, si les causes de cette erreur n’ont pas encore été communiquées, on sait que le ministère des Finances a dû mettre en place un groupe de travail. Ce dernier a effectué des vérifications et calculé le trop-perçu à environ 1,5 milliard de francs CFA. Les enseignants, issus des promotions 2012 à 2018 des Écoles normales supérieures du pays (ENS), devront rembourser entre 12 000 et plus de 10 millions de francs CFA chacun, confie la direction générale du Budget dans un rapport.
A l’annonce de la nouvelle, certains observateurs se sont offusqués, se demandant comment les enseignants pourront rembourser les trop-perçus. D’autres se sont surtout interrogés sur les cas de ceux qui ont reçu en trop 10 millions de FCFA, n’ayant pas compris comment ils auraient pu recevoir des sommes aussi élevées. En réalité, après leur formation dans les écoles normales supérieures, les enseignants sont affectés à leurs postes sans salaire, parfois pendant plusieurs années. Ceci explique que sur la liste, on y voit des enseignants ayant perçu jusqu’à 25 millions de FCFA de rappels de solde, dont ils devront finalement retourner une bonne partie.
Émargement irrégulier
Cet audit relatif aux rappels perçus en trop fait partie de l’opération du Comptage physique du personnel de l’État (Coppe) engagé par le gouvernement camerounais depuis avril en 2018. Le Coppe a déjà permis à la Fonction publique camerounaise d’identifier et d’expurger du fichier solde de l’État environ 10 000 agents publics fictifs pour une économie budgétaire annuelle d’environ 30 milliards de FCFA en 2019. Ces agents publics émargeaient irrégulièrement, du fait d’une absence non justifiée, d’une démission ou d’un décès non déclaré.
Le dénombrement physique des fonctionnaires en cours est une prescription du chef de l’État, Paul Biya. Dans sa circulaire du 20 juin 2017, le président camerounais avait instruit un comptage des agents publics au cours de l’exercice 2018. À l’époque, la masse salariale tournait autour de pratiquement 1000 milliards FCFA pour environ 310 000 employés. Cette masse salariale représente 35,6 % des recettes fiscales, un taux au-dessus du ratio de la zone Cemac.