Mobile Money : le Minat veut se substituer à la Beac et à la Cobac
Le ministre de l’Administration territoriale donne un mois et demi aux deux opérateurs de mettre en place des mécanismes qui permettront aux utilisateurs de protéger leurs opérations de transfert d’argent.
45 jours. C’est le délai accordé à Mobile Telephone Network (MTN) Cameroon et Orange Cameroun pour identifier tous leurs abonnés aux services Mobile Money. L’instruction a été donnée par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, au cours d’une réunion présidée par le membre du gouvernement à Yaoundé le 27 février dernier.
L e g o u v e r n e m e n t camerounais estime que les opérations de transfert d’argent par voie électronique n’offrent plus suffisamment de fiabilité, notamment en ce qui concerne l’identification des abonnés des émetteurs et des récepteurs.
En réalité, l’instruction du ministre de l’Administration territoriale aux responsables d’Orange Cameroun et MTN Cameroon se veut une mesure contre le financement des terroristes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Paul Atanga Nji indique en effet que 540 millions de FCFA ont été transférés ces derniers mois à des groupes séparatistes via le transfert d’argent électronique, à titre de rançons. Il est donc question d’empêcher que ce mode de financement continue de se propager.
Sortie déplacée
Mais, cette sortie de Paul Atanga Nji semble deplacée, pour plusieurs raisons. La première est que ce n’est pas au ministère de l’Administration territoriale du Cameroun de « jouer au gendarme » dans un secteur qui ne le concerne pas au premier chef. Le transfert d’argent est en effet régi par toute une législation, non seulement au Cameroun, mais également dans la sous-région Afrique centrale.
« Les entreprises qui font le Mobile Money, notamment Orange Cameroun et MTN Cameroon, sont du ressort de la Beac ou de la Cobac. Ce sont ces deux institutions qui donnent le ton en ce qui concerne la régulation dans ce secteur au niveau sous régional », soutiennent en effet des sources au sein des entreprises concernées. Selon elles, le département ministériel qui a « convoqué » les opérateurs en question n’a pas le droit de les interpeller à ce sujet. « Paul Atanga Nji aurait pu laisser l’initiative qu ministre des Finances, ou tout du moins celui des Postes et Télécommunications s’en occuper », suggèrent globalement les réactions à ces instructions du Minat.
Controverse
Aure instruction qui porte à controverse, c’est lorsque Paul Atanga Nji demande aux opérateurs du Mobile Money de mettre en place des mécanismes qui permettent directement aux utilisateurs d’annuler des opérations de transfert d’argent qu’ils ont initiées. Encore une fois, il est répondu au membre du gouvernement sur la base de la loi, laquelle organise ces procédures. Actuellement, dans le pays, nous indique une source, lorsqu’un client a fait une mauvaise opération, il est prié de se rapprocher immédiatement de l’opérateur concerné qui est chargé, sur la base d’un cadre légal, d’annuler ladite opération. « C’est bien déterminé dans la loi », martèle-t-on.
Les représentants de MTN Cameroon et Orange Cameroun ont en tout cas pris note des instructions de Paul Atanga Nji et ont promis de s’y mettre pour accompagner le gouvernement camerounais dans cette volonté de limiter les soucis pour ce qui est des défaillances que l’on peut constater dans le domaine des transactions financières via le Mobile Money. L’une des actions les plus réalistes qu’elles puissent faire est de serrer encore plus la vis en ce qui concerne l’identification des abonnés.