Suspension du Cameroun de l’AGOA : seulement 28,3% des exportations en jeu
Par conséquent, l’exclusion du Cameroun du régime de l’African Growth Opportunities Act (AGOA), à compter du mois de janvier 2020, décidée par le gouvernement américain, le 31 octobre dernier, ne devrait pas avoir d’incidence majeure sur ses exportations vers les États-Unis.
Dès le mois janvier 2020, le Cameroun ne bénéficiera plus des opportunités offertes par l’African Growth Opportunities Act (AGOA). Une loi sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique, votée et promulguée en mai 2000 par le Congrès américain, sous l’égide du président Bill Clinton. Un programme mis en place par le gouvernement américain pour faciliter et encourager les exportations africaines vers les États-Unis. En effet, le gouvernement américain, qui a notifié au Cameroun son exclusion de l’AGOA, le 31 octobre dernier, explique cette décision par le non-respect de certains droits de l’Homme dans le pays. Bien que les documents officiels ne soient pas très explicites, cette « sanction » du Cameroun est certainement en rapport avec la crise sociopolitique qui sévit depuis fin 2016 dans les deux régions anglophones du pays, où l’armée régulière affronte des sécessionnistes anglophones, dont les actes de barbarie sont régulièrement relayés sur les réseaux sociaux.
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Mais, cette décision du président américain contre le Cameroun, ne devrait pas avoir d’incidence majeure sur ses exportations vers les États-Unis. Car, depuis sa mise en place, le Cameroun n’a jamais réellement tirer profit de l’AGOA. Si l’on s’en tient par exemple aux données publiées dans un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun, en date du 31 octobre dernier, environ 28,3% seulement des exportations camerounaises vers les États-Unis le sont sous le régime de l’AGOA. Et qui plus est, les exportations bénéficiant de cette facilité américaine sont largement dominées par le pétrole brut.Au cours de l’année 2018 par exemple, « le Cameroun a exporté approximativement 220 millions de dollars en biens et services vers les États-Unis. 63 millions de dollars de ces exportations l’ont été au titre de l’AGOA, dont plus de 90% sous forme de pétrole brut », précise la représentation diplomatique du pays de l’oncle Sam au Cameroun.
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Toute chose qui permet de conclure que la décision américaine devrait avoir une incidence relativement marginale sur les échanges commerciaux du Cameroun avec les Etats-Unis. L’AGOA visant en effet, à promouvoir le commerce et les investissements entre les Etats-Unis et l’Afrique subsaharienne en accordant aux pays admis un accès exceptionnel au marché américain ; à encourager le développement économique et les réformes en Afrique subsaharienne ; à favoriser un accès et des possibilités accrues pour les investisseurs et entreprises en Afrique subsaharienne. Mais également, à supprimer les contingentements au textile et aux vêtements en provenance d’Afrique subsaharienne ; encourager la diversification dans les pays les plus pauvres d’Afrique et encourager le recours à l’assistance technique pour consolider les réformes et le développement économique.
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Pour rappel, selon l’Institut national de la statistique (INS), au cours de l’année 2018, les produits camerounais ont été exportés vers environ 127 pays dans le monde. Cependant, souligne l’INS, « les dix premiers clients ont acquis près de 77,5% des exportations du Cameroun. Avec une acquisition de 23,9% de ces exportations, la Chine est le principal client du Cameroun. Elle est suivie par l’Italie (14,7%), les Pays-Bas (9,1%) et la France (6,4%) ». Viennent ensuite l’Espagne (6,3%), la Belgique (3,7%), le Bangladesh (3,6%), l’Inde (3,4%), le Vietnam (3,3%), la Malaisie (3,2%), puis le Tchad et les États-Unis (2,8% chacun).