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Concession du terminal à conteneurs du Pad : avis de brouille entre la France et la Suisse

La Confédération suisse n’entend pas laisser Bolloré, qui bénéficie du coup de pouce des plus hautes autorités françaises, coiffer TIL au poteau.

Les entreprises suisses installées au Cameroun ont employé 950 Camerounais en 2017, selon l’ambassadeur de Suisse au Cameroun, Pietro Larezzi. Pour ce diplomate, « le Cameroun est un pays d’opportunités. Sa position géostratégique est parfaite et constitue une porte d’entrée idéale pour le marché de la Cemac, un bassin économique fort d’une population de 50 millions dont la moitié vit au Cameroun », a-t-il disserté le 18 juillet dernier à Douala, lors de la 9e édition du Swiss Business Lunch. Ce bref exposé explique à suffisance l’intérêt grandissant des investisseurs de la Confédération helvétique dans le pays. En septembre, le chimiste du bâtiment Sika, groupe suisse spécialisé dans la fabrication des produits d’étanchéité, a ouvert à Douala une unité de production. Selon ses prévisions, le secteur des Btp au Cameroun, en bonne santé depuis quelques années, devraient connaître une croissance de 8,4% à fin 2019.


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En avril, c’est « Tree Global », une autre société suisse, qui s’est engagée avec l’Etat du Cameroun pour la mise en place d’un système industriel de pépinières à haut rendement, en vue de la modernisation et de la relance de la production agricole  dans le pays. La Société industrielle camerounaise des cacaos (Sic Cacaos), filiale du suisse Barry Callebaut, le leader du secteur de la chocolaterie dans le monde, domine le marché de la transformation du cacao au Cameroun. Au cours de la campagne 2017-2018, cette entreprise présente dans le pays depuis 70 ans a broyé à elle toute seule 53000 tonnes de fèves sur les 56000 transformées. Devant le géant français, ces chiffres représentent une goutte d’eau. Car la France au Cameroun, c’est quand même : 150 entreprises à capitaux mixtes ou principaux dans divers secteurs, pour un stock des investissements estimé à 1 milliards d’euros (soit un peu plus de 655 milliards Fcfa ; 48% de parts de financement en termes d’aide publique au développement ; 38000 employés camerounais, etc.

Arrivé au Cameroun en septembre 2017, Pietro Larezzi n’a cessé de répéter que le gouvernement de son pays entendait investir davantage dans le pays et faciliter « une présence d’entreprises de qualité » qui participeraient au développement de l’économie camerounaise. C’est dans cette logique qu’il faut inscrire la prompte réaction du président de la Confédération suisse face à la menace d’annulation du juteux contrat de gestion du terminal à conteneurs du Port autonome de Douala (Pad), obtenu de haute lutte il y a deux mois par le suisse Terminal Investment Limited SA (TIL) et  un partenaire italien. Ueli Maurer a dépêché son chef de mission diplomatique à Yaoundé pour remettre un pli fermé au président de la République, lundi dernier. Au sortir de l’audience avec Paul Biya, Pietro Larezzi a clairement indiqué que ce dossier préoccupe son gouvernement. Pour lui, toutes les entreprises suisses qui arrivent au Cameroun ont toujours été à la hauteur.


>> Lire aussi –Développement économique : la Suisse apporte sa pierre à l’édifice

Cette réaction faisait suite à la visite du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dépêché au Cameroun du 24 au 25 octobre par le président français Emmanuel Macron. La Suisse semble donc se mettre sur le pied de guerre avec la France pour empêcher au groupe Bolloré, qui bénéficie du soutien des plus hautes autorités françaises dans ce même dossier pour le renouvellement de son contrat au Pad, de coiffer TIL au poteau. L’on pourrait donc assister pour la première fois, à un affrontement entre deux pays piliers de l’Union européenne autour d’un contrat en terre camerounaise.

Dans ce déchirement annoncé, la balance penche  à priori en faveur de la France, mais le soft power suisse n’est pas à sous-estimer. Indubitablement dans l’embarras après avoir reçu la lettre de son homologue suisse le 28 octobre, Paul Biya finira un jour par trancher, mais après avoir pesé avec  soin  les  avantages et les  inconvénients  de sa décision.

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