Paul Biya et l’ambassadeur de Suisse parlent de la gestion du Port de Douala
Reçu en audience par le président de la République, Paul Biya, le 28 octobre, Pietro Lazzeri, a évoqué la situation du terminal à conteneurs.
Au cours de la rencontre entre les deux personnalités, le plénipotentiaire suisse a remis au chef de l’Etat « un pli fermé du président de la Confédération suisse, Ueli Maurer ». Aucun détail n’a été relevé sur l’objet de cette « lettre spéciale ». Mais, le diplomate suisse a fait savoir que les échanges avec le président de la République ont porté sur des questions sociopolitique et économique. Sur le volet économique, l’élément majeur est la situation au port de Douala-Bonabéri. « Nous avons discuté du rôle des entreprises suisses, en particulier du groupe Mediterranean Shipping Compagny (MSC), dans le cadre du terminal à conteneurs », a-t-il simplement indiqué. Ajoutant que les entreprises de son pays entendent continuer à travailler au Cameroun « avec efficience et performance » en vue d’œuvrer au développement du pays.
Cette concertation avec Pietro Lazzeri arrive après une visite de deux effectuée au Cameroun par Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères. Il a été reçu au palais de l’Unité le 23 octobre 2019 pour parler, entre autres, de la coopération bilatérale entre le Cameroun et la France. A l’issue de sa visite, la présidence a décidé de suspendre « la procédure de passation de la concession du terminal à conteneurs du Port de Douala-Bonabéri ». Ceci en attendant « les conclusions définitives de l’affaire Société APM Terminals BV et Bolloré SA contre Port autonome de Douala, pendante au tribunal administratif du Littoral à Douala ».
Pour les observateurs, ce nouveau revirement est perçu comme un soutient de Paul Biya au groupe Bolloré. Le 12 septembre, l’entreprise française avait adressé un courrier au chef de l’Etat dans lequel elle lui demandait d’intervenir dans le dossier du renouvellement de la concession portuaire du Terminal à conteneurs de Douala-Bonaberi.
De plus, la décision présidentielle va dans le sens de la filiale locale du groupe Bolloré Douala International Terminal (DIT), concessionnaire sortant. Elle avait déjà sollicité et obtenu une ordonnance judiciaire de suspension de la procédure d’attribution. Une étape qui, selon le PAD, ne l’empêchait pas de poursuivre le processus du fait de son recours introduit au niveau de la Cour suprême du Cameroun. C’est donc désormais sur la scène diplomatique que se jouera l’avenir du port de Douala. D’un côté, le Français Bolloré surfant sur des relations privilégiées avec le pouvoir de Yaoundé. Et de l’autre, Terminal Invest Limited (TIL), filiale du groupe italo-suisse MSC, qui devrait en principe bénéficier lui aussi des bonnes grâces du président camerounais. Depuis son accession au pouvoir en 1982 en effet, Paul Biya est régulier en terres helvétiques pour ses « courts séjours privés ».