Forum sur la coopération sino-africaine : maigre moisson pour le Cameroun
Parti en Chine avec l’espoir de décrocher des financements pour certains projets d’infrastructure, le président Paul Biya n’a pu obtenir que 1,7 milliard Fcfa. De quoi financer à peine le voyage et le séjour du chef de l’Etat et sa délégation en terre chinoise.
Moins de six mois après une visite d’Etat au terme de laquelle il aura décroché 400 milliards Fcfa de financements chinois dont un don sans contrepartie de 334 milliards Fcfa, le président de la République, Paul Biya, a écourté ses vacances d’été en Europe pour aller prendre part, les 3 et 4 septembre dernier à Pékin, au 7e Forum sur la coopération sino-africaine sur le thème : « : communauté de destin et partenariat mutuellement profitable ». Il faut noter que, en plus du ministre des Relations extérieures et des patrons des ministères économiques qui l’accompagnaient à ce voyage, le chef de l’Etat avait intégré dans sa délégation officielle , le président du Mouvement inter patronal du Cameroun (Gicam), Célestin Tawamba, et le président de la Chambre de commerce, d’industrie, des mines et de l’artisanat du Cameroun (Ccima), Christophe Eken.
Au-delà du fait qu’il rectifiait le tir après les vives critiques qu’il a essuyées pour n’avoir pas mis dans ses bagages des hommes d’affaires lors de son séjour de mars 2018 dans l’Empire du milieu, Paul Biya tenait visiblement à démontrer par cette « ouverture », que la Chine occupe une place des plus stratégiques dans la coopération bilatérale du Cameroun avec les puissances de la planète ; et aussi que le secteur privé camerounais, structurellement amorphe, pouvait également tirer son épingle du jeu dans cette coopération. Entre autres enjeux du Sommet de Pékin pour le Cameroun, les autorités camerounaises sont allées auprès de celles chinoises avec des besoins de financements qui se chiffrent à plusieurs centaines de milliards Fcfa. Confronté à des tensions de trésorerie inhérentes à l’effondrement t des cours des matières premières à l’instar du pétrole (26,94% de contribution au budget de l’Etat en 2014) depuis quatre ans, lesquelles tensions ont été aggravées par la dégradation du climat sécuritaire ayant fait exploser les dépenses de sécurité, Paul Biya a besoin de ressources pour financer son vaste programme infrastructurel dans les domaines de l’énergie, des transports, etc.
Besoins de financements dans l’urgence
Un tête-à-tête entre lui et son homologue chinois, Xi Jinping, le 31 août dernier à Pékin, a permis au Président camerounais de présenter prioritairement quelques projets qui ont besoins de financements dans l’urgence : la deuxième phase des travaux de l’autoroute Yaoundé-Douala (la première, longue de 60 kilomètres et dont les travaux sont en cours, est financée par Eximbank China), l’autoroute Yaoundé-Nsimalen et l’autoroute Edéa-Kribi, qui est censé rejoindre la portion d’autoroute de 32 km en cours de réalisation entre Kribi et Lolablé.
Chefs d’entreprises Mais Paul Biya n’a pas obtenu une promesse ferme de la part de son homologue qu’il mettrait à disposition l’enveloppe sollicitée. Joignant l’acte à la parole après avoir promis que « la Chine soutiendra le Cameroun dans le renforcement de sa capacité à maintenir la paix et la stabilité », le président Xi Jinping a débloqué en faveur du pays, une enveloppe de 1,7 milliard Fcfa en soutien au Plan d’assistance humanitaire d’urgence pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en proie à une crise sécessionniste qui s’enlise. A peine de quoi financer r le voyage et le séjour du président de la République et sa délégation en terre chinoise. Aucun compte rendu des journalistes présents en Chine ne fait état d’un quelconque accord ou contrat signé entre les parties chinoise et camerounaise. Or, pour la visite d’Etat de mars 2018, cinq accords de coopération économique et technique avaient été paraphés : un accord sur la coopération en matière de renforcement des capacités de production, un accord sur le prêt concessionnel pour le projet d’alimentation en eau potable dans neuf villes camerounaises, phase 2, le mémorandum d’accord sur le développement des ressources humaines, le protocole d’accord sur le renforcement de la coopération en matière d’infrastructures.
La moisson du Cameroun au Forum sur la coopération sino-africaine est d’autant plus maigre que, même du côté des représentants du secteur privé à cette rencontre, aucun contrat n’a été décroché. Du moins, si on s’en tient aux comptes rendus de la presse. Il faut relever que Célestin Tawamba et Christophe Eken ont pris part à la 6e Conférence sino-africaine des chefs d’entreprises, qui s’est tenue en marge de ce Sommet de Pékin. Toutefois, le président chinois de taille à tous ses homologues présents à Pékin : La Chine va consacrer 60 milliards de dollars, soit environ 33843 milliards Fcfa supplémentaires au développement économique des pays africains. Mais, il n’a précisé ni le calendrier, ni la liste des pays concernés. Il reste à espérer que le Cameroun figure parmi les pays dont la Chine promet d’annuler une partie de la dette arrivant à maturité cette année. Cette annulation concerne « les pays les moins développés, enclavés ou insulaires du continent africain ». Paul Biya aurait en effet plaidé pour l’annulation d’une partie de la dette du pays auprès de son homologue Xi Jinping.
[author title= »Par la rédaction d’EcoMatin » image= »http:// »][/author]