Louis Paul Motaze limoge un chef secteur des Douanes pour une tentative de corruption de 18 millions de FCFA
Thomas Awono Mbede a été interpellé dans son bureau après une rixe entre agents des douanes et ceux de l'Equipe spéciale d'intervention rapide (Esir). Informé de la situation, le ministre des Finances a décidé de la mise à la retraite immédiate du douanier indélicat, après sa libération in extremis.
La scène se déroule le 4 octobre 2018 à Buea, dans la région du Sud-ouest. Les locaux du secteur des Douanes de cette région sont le théâtre d’une violente bagarre générale entre des agents des services des Douanes de ce secteur et des policiers appartenant au corps de l’Equipe spéciale d’intervention rapide (ESIR). Les gabelous s’opposent farouchement à l’interpellation manu militari de Thomas Awono Mbede, leur chef. Un procureur de la République avait délivré un mandat d’amener contre ce responsable de la douane camerounaise. D’après notre source, l’affaire porte sur la gestion d’un contentieux sur une importante cargaison de riz ; le dossier était sur la table du chef de secteur. Thomas Awono Mbede aurait empoché d’un opérateur économique, la rondelette somme de 18 millions de FCFA pour ce dossier qui lui a été confié à par le chef de bureau des Douanes de Limbe, le nommé Kerbaï. « Le chef secteur corrompu a vite fait d’enterrer le dossier », indique la source, très proche des faits.
Informé de la situation par Sieur Kerbaï, Edwin Fongod Nuvaga, directeur général des Douanes va tout de suite requérir l’intervention de la plus haute autorité de la région, le gouverneur. Bernard Okala Bilaï, à son tour, instruit le procureur de la République aux fins d’intervention. D’où la délivrance d’un mandat d’amener contre Thomas Awono Mbede. Lequel mandat a immédiatement été exécuté, malheureusement dans la violence, compte tenu de la redoutable opposition de ses collaborateurs. « Les gabelous ont essayé d’empêcher que la police arrête leur chef. Mais elle a utilisée de son muscle pour pouvoir sortir le patron du secteur des douanes du Sud-ouest de son bureau, vu qu’il n’a pas voulu obtempérer. La situation est très électrique à Buea ou Awono Mbede, le chef secteur des douanes du Sud-Ouest a passé sa première nuit en cellule…», confie une fois de plus notre relai.
Cette autre chronique malheureuse au sein des gabelous intervient au moment où les objectifs des Douanes camerounaises ont été revus à la hausse pour l’année 2019. Ce sont désormais 850 milliards de FCFA de recettes douanières qui sont attendues au titre de l’exercice budgétaire 2019. Une hausse qui correspond à 9,6% en valeur relative et 46,8 millions de FCFA en valeur absolue par rapport aux réalisations du précédent exercice budgétaire de l’Etat du Cameroun. Malgré cette embellie des recettes douanières, les faits de corruption du chef secteur des douanes du Sud-ouest constituent sans doute l’arbre qui cache la forêt. Avec pour conséquences, des milliards de francs CFA de droits douaniers éludés ou compromis.
Les nouvelles les plus récentes du dossier «Thomas Awono Mbede» font état de ce qu’il a finalement été libéré le 9 octobre 2019, après d’intenses négociations entre l’administration centrale des finances, les Douanes camerounaises et le gouverneur de la région du Sud-ouest. « Samuel Kwedi, directeur des ressources humaines et de la logistique à la direction générale des Douanes était porteur d’un montant de 18millions de FCFA envoyé par sa hiérarchie à Buea. Cet argent a été restitué au plaignant pour sauver la tête du chef secteur des douanes du Sud-ouest interpellé le 4 octobre 2019 », apprend-on encore de notre source. Par ailleurs, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze a signé le 7 octobre 2019, une décision admettant Thomas Awono Mbede à faire valoir ses droits à la retraite. Il a été remplacé par Emmanuel Etebe Nwanja, Inspecteur principal des Douanes Hors classe de Yaoundé-gare, secteur des douanes du Centre.
Note de la Rédaction
La Rédaction d’EcoMatin prend acte de la réaction de M. Awono Mbede Thomas, Inspecteur principal des Douanes Hors Echelle Retraité, qui a usé de son droit pour répondre. Au fur et à mesure des clarifications qu’il apporte, il ressort que deux versions se détachent désormais dans cette affaire. D’un côté, la « corruption douanière », et de l’autre une affaire de « contrebande en réexportation de riz ». La rédaction d’EcoMatin prend en tout cas note de ces explications, et reste ouverte à toute autre information pouvant davantage éclaircir ses lecteurs. |