Grève des transporteurs : mésententes entre les principaux syndicats du secteur
Le ministre des Transports Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe a présidé in extremis une réunion de crise dans son cabinet avec le GTTC et l'UNPC, suite au vaste mouvement de cessation d'activités lancé par les deux syndicats des transporteurs routiers du Cameroun. Au même moment, le SNTRC, plus grand syndicat national des transporteurs routiers, sensibilisait contre la grève envisagée.
Après la menace de boycott des produits Total Cameroun lancée le 11 septembre 2019 dans une correspondance adressée au Premier ministre par 12 syndicats de transporteurs routiers du Cameroun, le secteur des transports est de nouveau en ébullition. Le Groupement des transporteurs terrestres du Cameroun (GTTC), a lancé un appel pour une « grève générale illimitée », à l’endroit des « camionneurs et transporteurs », d’après le contenu d’un récent préavis, à compter de ce 10 octobre 2019.
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Motifs de la colère du GTTC, monnayage des visas dans les check-points, prélèvements par le BGFT des frais de LVI au porte de Maroua-Frolinat sur les marchandises à destination de la ville de Kousseri, tracasseries des unités Halcomi, abus des différentes unités de Douane du secteur de l’Extrême-Nord, perceptions abusives des frais dits de travail extra-légal au check-point de Bonis sur les marchandises en transit, ou le refus des pesées contradictoires par les agents des stations de pesage. Ibrahima Yaya, le président de ce syndicat, relève par ailleurs « la défectuosité des écrans dans les stations de pesage, la persistance des tracasseries des pelotons routiers motorisés de la gendarmerie de Maroua, des brigades mixtes de contrôle de sécurité d’Abong-Mbang et Touboro, de la compagnie de Gendarmerie d’Abong-Mbang, le refus des marketers d’appliquer la structure des prix établie par la CSPH ».
Le SNTRC à Ngaoundéré
L’annonce de ce mouvement de protestation a tout de suite suscité la réaction du Syndicat national des transporteurs routiers du Cameroun (SNTRC), organisation qui rassemble 95% des transporteurs du Cameroun. Le député Pierre Sime, son président, accompagné d’une forte délégation dont El Hadj Oumarou, Coordonnateur du Bureau de Gestion du Fret Terrestre (BGFT), a effectué une mission de deux jours, dans la Région de l’Adamaoua, à l’effet de sensibiliser les transporteurs: « il s’agissait pour le SNTRC de demander à tous les transporteurs de ne pas suivre les sirènes du désordre et de la perturbation au lendemain du Grand dialogue national », a déclaré Pierre Sime. Pour El Hadj Oumarou, « il fallait rassurer les transporteurs qui sont détournés par des mots d’ordre de diversion. Ils doivent être mobilisés derrière la construction de paix et de dialogue impulsée par le Président de la République ». Une importante séance de travail entre l’équipe de ce syndicat et les transporteurs de la région de l’Adamaoua aura d’ailleurs lieu lors de cette visite.
Groupe de travail
En qualité de ministre de tutelle a également joué sa partition pour un retour à la normale. Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe a réuni, le 8 octobre 2019, les responsables syndicaux du GTTC et de l’UNPC (Union nationale des camionneurs professionnels du Cameroun), représentés respectivement par Ibrahima Yaya et Pierre Nyemeck Ntamack. Au menu, d’après un communiqué signé ce 9 octobre 2019 par le ministre des Transports, « le climat social dans le secteur des transporteurs routiers au Cameroun, suite au préavis de grève générale illimitée….».
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Après plus d’une heure de concertation et d’examen de l’ensemble des revendications présentées par les syndicats, un chronogramme d’activités du groupe de travail regroupant tous les acteurs concernés a été arrêté. La réflexion devrait se poursuivre également sur chacune des problématiques, sur les aspects techniques lors des séances de travail hebdomadaires, indique Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe. Dans la foulée, il a pris l’engagement, en ce qui concerne les points relevant de la compétence des autres départements ministériels, de « saisir par correspondances séparées les administrations concernées ». Il s’agit notamment du BGFT, du ministère des Travaux publics, la douane camerounaise, la gendarmerie nationale ou encore la police nationale. Il annonce pour le 15 octobre une autre séance, la première du groupe de travail constitué.