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Business et Entreprises

Camair-Co : programmée pour échouer ?

Entre dettes, pressions des créanciers, insuffisance de la flotte, ambiance interne délétère et management douteux, la compagnie aérienne du Cameroun est plongée dans une situation difficile qui pourrait la conduire à une cessation d’activités si la commande de vol n’est pas redressée.

Surnommée « Etoile du Cameroun », la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) serait en passe de s’éteindre dans le ciel. Des informations récentes sur sa situation tendent à confirmer l’hypothèse selon laquelle, la compagnie nationale de transport aérien du pays est au bord de la faillite, alors qu’elle n’a pas encore véritablement pris son envol depuis le démarrage de ses activités en 2011.

D’après des informations internes parvenues à EcoMatin, Camair-Co est financièrement à l’agonie et n’arrive plus à éponger ses dettes. D’où des pressions régulières de la part des créanciers. En septembre dernier, l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et Madagascar (ASECNA) a sommé la compagnie de transport de payer 107 millions de FCFA dus pour diverses prestations. Chargée de l’hébergement du système de réservation et de gestion des enregistrements, SITA a aussi menacé de rompre le contrat à cause de factures impayées. Même les hôtels n’ont plus confiance en Camair-Co, incapable d’assurer le logement de son personnel navigant à l’étranger.

La météo est encore plus contraignante pour la compagnie aérienne au regard de sa maigre flotte. Camair-Co déclare officiellement détenir six appareils, dont trois Boeing (entre 128 et 210 places), deux MA60 (de 45 places) et un Bombardier Q400 de 78 places. Des sources internes précisent cependant que dans cette flotte, seuls deux avions sont véritablement opérationnels : le Q400 et le MA60. Des actions sont certes menées pour renflouer l’escadrille. Jean-Ernest Ngallé Bibehe, ministre des Transports et Louis Georges Njipenji Kouotou, directeur général, étaient récemment au Canada pour une visite de l’usine d’assemblage d’Airbus. Des négociations porteraient sur un contrat d’achat ou de location d’aéronefs.

En attendant la suite, l’environnement du travail reste bouillant. Il y a une dizaine de jours, les employés se plaignaient encore des arriérés de salaires dont le montant global s’élèverait à plus d’un milliard de franc CFA. Ce à quoi il faut ajouter le non versement de leurs cotisations à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), et le non renouvellement de l’assurance maladie auprès de la compagnie d’assurance Zénith. Certains personnels ont décidé ou envisagent de débarrasser volontairement leurs portes de travail.

Le management en lui-même est décrié. La nouvelle équipe avait été présentée le 27 mai denier comme celle ayant finalement le potentiel de faire décoller la Camair-Co. Mais, « les Camerounais découvrent plutôt un tableau sombre orchestré de toutes pièces par des réseaux mafieux », commente un cadre de l’entreprise. A ce doute sur les compétences, les guéguerres au sommet de l’entreprise ne présagent rien de bon. Par exemple, les tiraillements récents entre le PCA et le DG, au sujet de la nomination des personnels à certains postes de responsabilité, ont éclaboussé l’image de la compagnie.

Ces faits devraient tirer la sonnette d’alarme sur l’avenir de Camair-Co. Certes, les dirigeants multiplient des sorties pour démentir la situation catastrophique qu’elle traverse, ils disposent de peu d’éléments pour convaincre. Ce ne sont pas les premiers résultats de la « Transahélienne » qui vont changer la donne : la ligne desservant Maroua et Ngaoundéré à partir de l’aéroport de Garoua a enregistré quelque 2 000 passagers, deux semaines après son lancement. Le chiffre d’affaires de 937 millions de Fcfa réalisé entre mai et juillet 2019, annoncé pompeusement, n’y peut également rien. La Camair-Co est appelée à échouer, si elle ne souhaite pas rentrer en gare sans avoir décollé.

 

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