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Conjoncture

Route Ekondo Titi-Kumba : la Tunisie pose ses conditions

L'entreprise Sourobat, adjudicataire de ce marché depuis 2016, exige du gouvernement camerounais des garanties de sécurité. Les ingénieurs tunisiens demandent par ailleurs une révision du contrat de base les liant à l'Etat du Cameroun.

Le chantier de la route Ekondo Titi-Kumba reprendra-t-il? D’après son excellence Jalel Snoussi, l’ambassadeur de Tunisie au Cameroun, la réponse est affirmative. Mais sous des conditions non-négociables, apprend-on d’une source fiable qui a participé le 7 octobre dernier, à l’audience accordée par Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre des Travaux publics au plénipotentiaire Tunisien. Engagé dans ce chantier de la région du Sud-ouest, depuis 2016, l’entreprise tunisienne Sourobat a connu un brusque arrêt des travaux suite à la mort de l’un de ses  ingénieurs. Khaled Tinsa, avait en effet été assassiné, le 15 mars 2018 par des séparatistes anglophones après un enlèvement spectaculaire groupé d’ingénieurs camerounais et tunisiens. Ce qui avait logiquement provoqué un abandon du projet qui affichait au moment de cet incident malheureux un taux d’avancement de 10,50%.

Révision

La reprise des travaux annoncée préalablement au terme d’une première audience intervenue le 16 avril 2018 entre les deux hommes, n’a visiblement pas été effective. Les Tunisiens n’ont pu obtenir de l’Etat du Cameroun les garanties souhaitées: la sécurité de ses installations, ainsi que celle de ses techniciens. La même exigence a été évoquée lors de l’audience du 7 octobre dernier, «en plus de celle d’une renégociation du contrat initial», informe notre source. «Il y a eu un échange fructueux sur la coopération entre le Cameroun et la Tunisie en matière de développement des infrastructures, avec emphase sur la reprise des chantiers en arrêt», informe de façon simpliste un responsable du ministère des Travaux publics. Pourtant, l’entreprise tunisienne Sourobat propose désormais la prise en compte du «cas de force majeure» survenu dans le marché de base. Une renégociation qui implique certainement  d’importantes conséquences financières induites. Le coût  prévisionnel de ce tronçon long de 60 km est  inscrit dans le volet routier du Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance pour une enveloppe de 38,200 milliards de FCFA TTC.

Les entreprises tunisiennes assurent, soit le contrôle ou l’exécution des travaux des projets routiers en partenariat avec l’Etat du Cameroun. Il s’agit notamment des axes Mandjou-Akokan (45 km), Akokan-Batouri (45 km), Guidjiba-Tapare (57 km), Babungo-Oku-Noni (70 km), ou Foumban-Koumpamatapit-Limite Ouest/Nord-Ouest (54 km).

S.E Jalel Snoussi, ambassadeur de Tunisie au Cameroun : «Nous voulons une solution mutuellement avantageuse tant pour la Tunisie que pour le Cameroun… »

Que retenir de cette audience que vous venez d’avoir avec monsieur le ministre des Travaux Publics ?

Je remercie le ministre de m’avoir reçu, c’est toujours un plaisir de venir ici discuter avec lui, c’est toujours productif, nous avons des contacts et des relations de qualité. C’est une question de coopération entre nos deux pays, surtout en matière de travaux publics qui est vraiment excellente. J’étais avec le ministre pour un sujet de reprise des chantiers par des entreprises tunisiennes, surtout après la suspension du projet routier Kumba-Ekondo Titi pour des raisons que vous savez. C’était ça l’essentiel de ma demande d’audience. Monsieur le ministre a été comme toujours très compréhensif et nous avons eu un débat de qualité et nous souhaitons trouver une solution mutuellement avantageuse tant pour la partie tunisienne que pour la partie camerounaise.

Est-ce une simple coïncidence que cette audience intervient juste quelques jours après le Grand Dialogue National ?

Ça n’a rien à voir avec le Grand Dialogue National, quoique nous ayons arrêté ce rendez-vous au cours de ces assises. Mais à mon avis personnel, le Grand Dialogue National, c’est une bonne initiative de monsieur le Président. Tout le monde le sait ici au Cameroun ou ailleurs que les crises politiques ne peuvent être réglées que par le débat.  Le Grand Dialogue National est un cadre idoine pour régler la question du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Il y a eu beaucoup de recommandations et propositions et j’espère qu’avec la mise en œuvre de ces propositions, la situation sera réglée et la crise sera un mauvais souvenir pour le Cameroun.

Est-ce qu’au-delà de la situation sécuritaire, l’entreprise se dit prête à reprendre les travaux ?

Bien-sûr. C’était ça la question. Les entreprises tunisiennes concernées sont prêtes à reprendre les travaux qui ont seulement été suspendus. Sur les autres chantiers, le ministre peut témoigner, les bureaux d’études tunisiens sont sérieux, ils ont une très bonne réputation et sont bien appréciés. Ils sont prêts à être là à tout moment lorsqu’il y a un projet ou une opportunité d’être présent sur le sol camerounais.

 

 

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