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Sommet Russie-Afrique : quels enjeux pour le Cameroun ?

Invité personnellement par Vladimir Poutine à prendre part aux travaux de Sotchi, qui s’ouvrent le 22 octobre, Paul Biya qui a tant besoin de financements pour poursuivre son programme d’investissements devrait en principe s’y rendre. Après plus de deux décennies de quasi-absence, la Fédération de Russie travaille au rétablissement de sa sphère d’influence sur le continent.

En 2015, la Russie a fourni des armes au Cameroun pour combattre Boko Haram. Par ailleurs, selon l’Institut International de Recherche sur la Paix de Stockholm (SIPRI), le Cameroun fait partie, avec le Nigeria, l’Angola, le Mali, le Soudan, le Ghana, la Guinée Equatoriale, etc., des pays africains ayant reçu des livraisons d’armes de la Fédération de Russie en 2016 et 2017. Et après que les Etats-Unis d’Amérique ont suspendu en février 2019 leur aide militaire au pays à hauteur de 17 millions de dollars, soit près de 10 milliards Fcfa au motif de violations massives des droits de l’homme par l’armée, le Cameroun qui sombre dans une interminable crise sécuritaire depuis cinq ans en attendra davantage d’autres puissances amies. Invité personnellement par Vladimir Poutine à prendre part au tout premier Sommet Russie-Afrique, du 22 au 24 octobre prochain, le président de la République, Paul Biya, devrait profiter de ce prétexte pour discuter en tête-à-tête avec Vladimir Poutine, dans l’optique de donner un coup de fouet aux relations de coopération entre leurs deux pays.


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Depuis avril 2015, le Cameroun a paraphé avec cette puissance un accord de coopération militaire et technique. Dans la foulée, le pays de Vladimir Poutine avait mis à la disposition de l’armée camerounaise des armes et des équipements militaires sophistiqués de dernière génération, pour combattre Boko Haram. Il avait également déployé dans le pays, 1900 tonnes d’aide alimentaire destinée aux réfugiés que le pays accueille, pour un montant d’environ 3 milliards Fcfa.   Au plan économique, la présidence de la République avait annoncé en 2015, que le Cameroun bénéficierait de plus en plus de l’expertise russe dans le domaine de l’industrie et de l’énergie, avec la participation des banques et de grandes entreprises venues de Russie. En 2014, le Cameroun et la Russie ont célébré 50 ans de coopération. A l’occasion, il avait été rappelé que, dans le secteur de l’éducation, l’Ecole des eaux et forêts de Mbalmayo et l’université de Dschang ont bénéficié d’importants appuis de la Russie. Par ailleurs, plus de 2000 étudiants Camerounais ont été formés en Russie depuis 1964. Le renforcement de la présence russe, partenaire dont la politique est la non-ingérence dans les affaires internes des pays dans lesquels il s’engage, viendra à coup sûr créer de nouveaux rapports de force dans un Cameroun où trois autres puissances se battent déjà pour le contrôle d’un certain nombre de ressources stratégiques : La France, les Etats-Unis et la Chine.


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Le Sommet de Sotchi, en marge duquel se tiendra un forum économique, promettent les autorités russes, jettera les bases d’un resserrement des liens entre la Russie et les pays africains. S’exprimant lors d’un Sommet sur l’Afrique dans le cadre du Forum de Rhodes du Dialogue of Civilizations, un institut de recherche créé à Berlin (Allemagne) par Vladimir Iakounine, le représentant spécial de Vladimir Poutine pour le Moyen Orient et l’Afrique, Mikhail Bogdanov, avait été sans ambages sur les intentions de son pays de renforcer sa présence sur tous les fronts sur le continent. Tout en reconnaissant qu’il s’agissait d’un réveil quelque peu tardif, en référence au fait que « les européens, les américains et les asiatiques » étaient déjà confortablement installés, il avait déclaré que « la Russie veut non seulement rétablir la situation qu’elle avait, mais aussi accroître ses relations avec l’Afrique, dans un respect mutuel ».

Pour mémoire, depuis janvier 2017, le Cameroun a mis sur pied avec la Russie, un groupe de travail et des commissions pour étudier les voies et moyens d’impulser la coopération entre les deux pays dans les domaines de la sécurité, de l’économie, des finances, des infrastructures hydroélectriques et portuaires. « A terme, cette démarche devra conduire à la mise sur pied d’une grande Commission mixte paritaire Cameroun-Russie », avait annoncé la présidence de la République en janvier 2017.

Les motivations économiques de Poutine en Afrique 

La Russie n’entend plus rester en marge du jeu de puissances qui met depuis aux prises la France, les Etats-Unis et la Chine en Afrique. En organisant ce mois de d’octobre le tout premier Sommet Russie-Afrique, l’homme fort du Kremlin démontre principalement qu’il désire ramener la Russie au statut de grande puissance. « Il faut dire qu’il y avait une forte influence russe en Afrique à l’apogée de l’Union soviétique. Les gouvernements postindépendance de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau, de la République démocratique du Congo, de l’Égypte, de la Somalie, de l’Éthiopie, de l’Ouganda et du Bénin ont tous reçu un soutien diplomatique ou militaire de l’Union soviétique. Mais, cela a commencé à changer après l’effondrement de la superpuissance en décembre 1991. Plus d’un quart de siècle plus tard, le président Vladimir Poutine semble avoir de nouvelles aspirations en Afrique », analyse Jimmy Yab, géostratège et enseignant associé l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric). Pour l’expert, Poutine accorde une grande importance aux relations géopolitiques et à la poursuite de l’affirmation de la Russie sur la scène mondiale. Et, cela inclut le rétablissement de la sphère d’influence de la Russie, qui s’étend sur le continent africain. « À l’instar de Beijing, la méthode de commerce et d’investissement de Moscou en Afrique n’est soumise ni aux prescriptions, ni aux conditionnalités d’acteurs tels que le Fmi et la Banque mondiale. La Russie accroît progressivement son influence en Afrique grâce à des investissements stratégiques dans l’énergie et les minéraux. Il utilise également la force militaire et le Soft Power ».

La Russie a également des motivations économiques claires pour s’impliquer en Afrique et cela intéresse aussi le Cameroun. « Elle rencontre une pénurie de minéraux comme le manganèse, la bauxite et le chrome, qui sont tous importants pour son industrie. La société Russe d’aluminium, Rusal, a commencé à extraire de la bauxite à partir de mines en Guinée, qui représenteraient actuellement environ un quart de la production mondiale. La Russie s’intéresse également aux diamants. La société d’État d’extraction de diamants, Alrosa, a signé un accord en 2017 avec l’Angola. Le gaz de l’Afrique de l’Est est particulièrement intéressant et le géant Russe Rosneft a ouvert un bureau au Mozambique car, il a obtenu deux concessions de gaz offshore. La Russie présente plusieurs avantages à s’engager dans des relations avec des pays africains riches en ressources,  pour extraire des minéraux, du pétrole, du gaz, etc.

Dans certaines régions de la Sibérie ou de l’Arctique, c’est plus coûteux et compliqué, la Russie préfère donc venir en Afrique. L’année dernière, elle a signé des accords pour renforcer les relations économiques avec l’Angola, la Namibie, le Mozambique, le Zimbabwe et l’Ethiopie. La Russie a également signé un accord en août 2018 pour établir un « centre logistique » commercial dans un port d’Érythrée, etc. D’où, l’intérêt du Cameroun de privilégier ce partenariat.

 

 

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