Port autonome de Douala : le groupe Bolloré sollicite l’arbitrage de Paul Biya
En date du 12 septembre, le groupe français a saisi le président de la République du Cameroun pour demander son intervention au sujet de son éviction de la gestion du terminal à conteneurs du (Pad), au profit du Suisse TIL. Selon lui, cette décision pourrait avoir des répercussions négatives sur les activités au port de Kribi où il est l’un des opérateurs.
C’est pour lui « rendre compte de la situation » que le groupe Bolloré s’est adressé au président de la République du Cameroun. Dans cette correspondance, Cyrille Bolloré (à droite sur la photo) se plaint auprès de Paul Biya des récents « traitements injustes » subis par plusieurs des sociétés du groupe au Cameroun. Il parle principalement de Douala International Terminal (DIT) qui opère le terminal à conteneurs du port de la principale ville économique.
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« C’est ainsi que DIT s’est vu réclamer, en l’absence de fondement juridique, 24 milliards de Fcfa de pénalités, qu’elle s’est vu dénier le droit de mettre en application un accord signé avec le Port de Douala après 6 mois de négociations, et qu’elle n’a pas été autorisée à répondre à l’appel d’offres relatif à sa propre succession », dénonce le successeur désigné de Vincent Bolloré à la tête du groupe.
Cyrille Bolloré souhaite que soit appliqué l’accord signé entre le Port de Douala et DIT le 4 octobre 2017, lequel prévoit une prorogation de sa concession pour une durée de quatre ans. « Cette mise en œuvre permettrait de faciliter le lancement du port de Kribi en mettant en place une synergie entre les deux ports… », écrit-il.
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A la lecture de ces propos, ne s’agirait-il pas d’une menace voilée à l’endroit du président de la République. Cyrille Bolloré veut en effet faire comprendre à Paul Biya que si la décision qui l’évince de la gestion du terminal à conteneurs du port de Douala est maintenue, il pourrait y avoir des conséquences négatives sur la gestion du terminal à conteneurs du port de Kribi, dont son groupe est par ailleurs bénéficiaire aux côtés de son compatriote CMA CGM et du groupe chinois CHEC. Le Français sait pertinemment que le projet de Kribi est un maillon important dans la politique économique du chef d’Etat camerounais pour les prochaines années. La menace sera considérée avec profondeur par Paul Biya…
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D’après le groupe Bolloré, l’intervention de Paul Biya devrait aussi permettre de solder à l’amiable tous les différends qui opposent le PAD à DIT, et enfin de relancer sereinement un appel d’offres de mise en concession du terminal à conteneurs de Douala sur une base équitable. Accusant certaines autorités camerounaises d’être la cause de la situation, Cyrille Bolloré en profite pour dénoncer le fait que le groupe « se trouve entraîné, contre son gré, dans une surenchère de turbulences juridiques et médiatiques au Cameroun ».
La réaction du groupe français intervient une dizaine de jours après la décision du directeur général du Pad, Cyrus Ngo’o, d’attribuer la concession du terminal à conteneurs de Douala pour 15 ans au groupe italo-suisse Terminal International Limited (TIL), à compter du 1er janvier 2020. Décision qui est intervenue après 15 ans de gestion de Bolloré.
Fort de ses 20 ans de présence au Cameroun, avec plus de 5 000 salariés dans ses diverses sociétés locales, et quelques 300 milliards de Fcfa d’investissements réalisés, le groupe Bolloré déplore que sa filiale DIT ait été obligée de demander la protection des tribunaux nationaux et de la Cour d’arbitrage internationale, en vue de contrecarrer les poursuites dont elle faisait l’objet. Pour l’instant, l’affaire est pendante à la justice camerounaise.