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Opinions

Cameroun, berceau de nos espoirs
Par Aminatou AHIDJO

Le 10 septembre 2019, le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Paul BIYA, s’adressait à la Nation. Dans son message retentissant et captivant, le Chef de l’Etat invite le peuple camerounais à se retrouver à la fin du mois en cours autour d’un grand dialogue national qui permettra d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de la Nation.

Ostensiblement applaudie par la classe politique nationale, saluée en mondovision par la communauté internationale, l’annonce de ce dialogue a dégivré l’atmosphère glaciale des zones en conflit et décongestionné le climat politique en dépit de quelques résistances bien compréhensibles. Les valeurs de paix, de sécurité, de concorde nationale et de progrès qui seront débattues au cours de cette grand’messe concernent l’ensemble du peuple camerounais. C’est pour cette raison que l’unité nationale, l’intégration nationale, le vivre ensemble, etc. vont constituer le granite de ces discussions que le Président de la République veut inclusives sur la base de la Constitution. Car, tout le monde, y compris la diaspora et les groupes armés sont invités aux côtés des forces de défense, des leaders religieux, politiques, de la société civile, des intellectuels, des parlementaires, à discuter de l’avenir commun de notre cher et beau pays.

Méditons tous et chacun dans son coin, les récents événements qu’ont connus les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest. Des individus qui aspirent à un nouvel idéal politique ont brisé des rêves d’enfants et d’adultes en incendiant des écoles, des hôpitaux, des édifices publics, des biens. Il va sans dire que tuer des gendarmes ou des civils, kidnapper, mutiler, molester, incendier, détruire des infrastructures publiques, empêcher les enfants d’aller à l’école ou les populations de vaquer tranquillement à leurs occupations, constituent des crimes d’une grande ampleur qui ne sauraient restés impunis.

Le véritable tribunal de l’Histoire qu’est le temps nous apprend que l’Homme, au contact de l’avancée inexorable de l’horloge biologique, prend toute la mesure de la nécessité de la bonté, de la gentillesse et de l’indulgence. La puissance du vivre-ensemble et les vertus d’une vie sans guerre, sans querelle, sans dispute, sans conflit s’ancrent et se figent en lui comme du marbre.

Nombre de concitoyens pourraient se poser la question sur les motivations réelles de cette sortie. En fait, mon vécu, ma trajectoire, mon expérience, ma vie peuvent aujourd’hui servir de phare aux résistances qui s’entrechoquent ici et là. Accepter d’aller vers l’autre, dialoguer avec lui, n’est pas opposable à un renoncement de soi, de ses convictions, de son histoire, encore moins synonyme de trahison d’une cause, d’une communauté ou d’un idéal. Dialoguer avec l’autre, c’est le début de la fin des peurs. C’est donner un bel exemple de la pensée positive et de la libération des contraintes et des contrariétés des regards accusateurs, des invectives, des procès en traîtrise, du « qu’en dira-t-on ». La nature est ainsi faite…

Et personne ne peut s’y soustraire. La bourrasque des critiques ne doit pas nous éloigner de ce que nous avons de grand à accomplir au cours de ce dialogue. Nos destins, nos égos surdimensionnés et boursouflés ne sont rien à côté de l’avenir de la République, du devenir de la Nation. Nous sommes passés par là et pouvons aujourd’hui affirmer que c’est possible de tout remettre à plat, de faire la paix. Il faut tourner la page des drames, ouvrir celle de la paix, de l’unité, du pardon, de la réconciliation et continuer la vie sur de nouvelles bases.

Pour débattre des questions de « consolidation de la paix, de bilinguisme, de diversité culturelle, de cohésion sociale, la reconstruction et le développement des zones touchées par le conflit, le retour des réfugiés et des personnes déplacées, le système éducatif et judiciaire, la décentralisation et le développement local, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants, le rôle de la diaspora dans le développement du pays », les Camerounais doivent donc accepter de passer par l’impérieux devoir de contrition, préalable au pardon et à la réconciliation que nous appelons de nos vœux.

C’est pourquoi, il faut s’émanciper des chaînes du discours clivant et des clivages artificiels qui faussent et fissurent l’image que certains développent de leur personne, stigmatisant au passage celle des autres ; toutes choses qui font assoir l’illusion de supériorité qui cache mal les fragilités endogènes et les fautes intérieures dont se rendent coupables nombre de personnes. Pardonner, c’est une libération de la prison des attirances et des aversions, des haines et des peurs, pour marcher vers la liberté et la compassion.

Le pardon étant donc la porte qui conduit à la réconciliation, nous devons frères et sœurs du Nord-Ouest et du Sud-Ouest accepter de nous repentir des méchancetés, des mauvais traitements, de l’intolérance et de la haine qui nous rongent. Car, le Cameroun exprime un si grand besoin de repentance et de pardon de ses fils et filles, qu’il ne lui sera jamais pardonné d’avoir loupé l’irréversible marche vers la réconciliation qui passe par la reconnaissance et l’acceptation de la différence qui a toujours fondé son inamovible et infalsifiable identité. Toutes choses que nous envient tant de nations dans le monde.

L’Histoire nous regarde, chers frères et sœurs de tout le pays et particulièrement du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Nous devons apprendre par elle, à nous réconcilier et à cicatriser les blessures, à surmonter toutes les dissensions à l’origine des troubles afin de poursuivre la marche de notre pays vers le progrès social, économique et culturel. Car, c’est au prisme de notre Histoire commune que nous devons réconcilier notre présent tourmenté et troublé par des crises multiples avec notre passé chargé de repères intangibles qui permettent d’assoir la cohésion sociale et d’engager la réconciliation nationale que le Grand Dialogue national entend résoudre.

Les expériences d’autres pays à travers le monde montrent que les processus de réconciliation sont par nature complexes et passent souvent par plusieurs étapes qui peuvent se révéler comme des opportunités, tout comme elles peuvent constituer un dilemme pour tout un peuple. Mais, en dépit du caractère complexe de ces processus, les peuples de ces pays qui ont expérimenté, vécu et connu des guerres civiles, des atrocités et des violences du fait d’agressions extérieures ou intérieures et des injustices causées par divers acteurs, sont parvenus à marquer des pas décisifs vers la réconciliation.

Parce que le pardon auquel nous appelons ici, n’est pas synonyme d’absolution totale des crimes et atrocités commises par certains de nos frères et sœurs égarés et manipulés, le Chef de l’Etat, en invitant sur la même table, groupes armés sécessionnistes et forces de défense, trahit le paratexte de son message : la mystique et le mystère du pardon.

C’est la raison pour laquelle, il s’agit de quémander l’indulgence de tous et de chacun et de solliciter la compréhension du Père de la Nation qui dispose de tous les leviers qui lui permettent, à la manière de la parabole de l’enfant prodigue, de ramener tout le monde sur le droit chemin. Et d’absoudre, sur la base de la Constitution, ceux qui méritent, les fautes des fils et filles pris en tenailles par l’illusion de la liberté et de la propagande gratuite.

Nombre de compatriotes sont aujourd’hui la matérialisation vivante de l’indulgence, du grand cœur, de la magnanimité et de la mansuétude du Chef de l’Etat. Le Grand Dialogue National offre donc l’opportunité à certains de humer les effluves enivrantes, de goûter les délices du pardon présidentiel.

Preuve que la complexité du processus de réconciliation, loin d’être un obstacle, témoigne plutôt de l’impérieux devoir pour tous les acteurs de s’y engager avec sincérité et détermination. Du coup, il ne serait pas superfétatoire de penser que la réconciliation des Camerounais du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, avec eux-mêmes, est possible. La soif de paix exprimée tous les jours par le peuple camerounais en est la preuve vivante.

Le succès et la réussite du Grand Dialogue National dépendent donc de notre capacité à tous à actionner les leviers du pardon, TOUS LES LEVIERS. Aussi est-il primordial d’élever dans l’esprit des hommes, les défenses de la paix afin que la force de la raison fasse le lit de la culture de la paix. Une culture de la paix fondée sur la réconciliation, la raison et sur la vision à long terme de l’importance de chaque individu dans la construction de la paix. C’est aussi cela la trajectoire du développement que nous appelons et que doivent emprunter nos concitoyens aujourd’hui aux prises avec l’Histoire.

Dès lors, il devient plus qu’urgent de rapprocher les Camerounais vers un avenir radieux, dans un climat de paix, d’unité nationale et de quiétude sociale. Pour écrire de nouvelles pages de l’Histoire de notre pays, nous devons accepter le pardon, nous devons pardonner, nous pardonner les uns les autres et à aller vers la réconciliation. Car, la réconciliation et le pardon sont nécessaires pour construire un destin commun. L’espoir, tous les espoirs sont permis.

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