Grand dialogue national : ce que propose le patronat camerounais
Une délégation de représentants des patronats, reçue par le Premier ministre, a fait des propositions en vue de la résolution de la crise dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, et surtout pour un regain des activités des entreprises dans ces deux régions.
Le 21 septembre 2019, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute a reçu plusieurs groupements patronaux du Cameroun (Gicam, Ecam, Mecam…) dans le cadre des concertations engagées en vue de la tenue du Grand dialogue national dès le 30 septembre à Yaoundé. Au sortir de la rencontre, les patrons camerounais ont été peu diserts. «Pour avoir des chances de réussite de ce dialogue, il faut que nous soyons habités d’humilité. Mais aussi, qu’on taise nos egos dans l’intérêt de la recherche de la paix. En acceptant les différences », s’est contenté de déclarer Célestin Tawamba, président du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), résumant les échanges avec Joseph Dion Ngute.
Les entreprises camerounaises sont fortement touchées dans leurs activités depuis le déclenchement de la crise. A ce propos, le Gicam a publié un rapport en fin d’année dernière, selon lequel « le conflit qui sévit depuis deux ans dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest pèse de plus en plus sur l’économie nationale ». Certains chiffres annoncés parlent d’eux-mêmes. Les opérations « Ghost town » et « Lock down » ont causé des arrêts représentant l’équivalent de 30,6% des jours ouvrables en deux ans et demi ; environ 35% du territoire de ces régions n’est plus accessible pour les entreprises ; plus de 200 postes de travail ont été supprimés dans le secteur de la foresterie, avec un manque à gagner de 5,5 milliards de Fcfa par an depuis 2017 ; des industries agroalimentaires sont à l’agonie, avec la filière banane de la CDC (40% des exportations de banane du pays) à l’arrêt depuis septembre 2018. La production cacaoyère quant à elle a chuté de 22%, soit une perte de 55 milliards de Fcfa et un manque à gagner de 35 milliards de Fcfa de revenus pour les producteurs. Et l’impact va au-delà des deux régions, 86% des chefs d’entreprises révélant que la crise a des répercussions négatives sur leurs activités.
Le 2 septembre dernier, Joseph Dion Ngute a déclaré les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest « zones économiquement sinistrées ». Mais, les quelques 1 000 membres du Gicam estiment que le gouvernement doit aller plus loin. Ils proposent de soutenir les unités opérationnelles dans ces régions à travers des facilités de financement pour réparer les préjudices subis et remettre en fonction les équipements ; accorder un accès prioritaire lors des opérations de remboursement de crédits de TVA et de dettes intérieures auxdites entreprises ; instaurer des périodes moratoires spécifiques pour certaines obligations fiscales.
Le Gicam suggère aussi que le relèvement de l’économie dans le Nord-ouest et le Sud-ouest passe par l’apurement du passif fiscal créé par la crise ; la remise à niveau des infrastructures et équipements détruits, y compris par des subventions aux entités privées touchées ; le subventionnement des mastodontes agro industrielles installées dans ces zones ; l’octroi des appuis spécifiques aux producteurs agricoles pour reconstituer le matériel végétal et relancer les productions vivrières…
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