Soupçons de fraude à l’Enam : un magistrat adresse une lettre ouverte à Paul Biya
Rattaché au service du contentieux administratif, il dénonce à ciel ouvert certaines pratiques des autorités en charge de l’organisation des concours administratifs.
René Francis Bayong, Magistrat de 1er grade près la Cour d’appel du Sud n’a pas fait l’économie des mots. Dans sa lettre adressée au président de la République, il dénonce vivement les fraudes à l’entrée de l’Ecole nationale d’Administration et de magistrature (Enam). En rapport avec l’incident survenu à la session de 2019-2020 au sein de cette institution, le Magistrat dira « nous sommes toujours surpris de voir certains de nos candidats médiocres réussir contrairement aux candidats les plus brillants et cela cause en nous un profond trouble intérieur quand nous savons fournissent ces jeunes qui pour certains se préparent une année entière pour espérer acquérir les aptitudes nécessaires ».
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René Francis Bayong préconise donc « …M. le Président de la République, que le recrutement dans cette fonction publique doit respecter les engagements internationaux auxquels notre pays sous votre direction a souscrit notamment le principe de l’égalité de tous les citoyens dont le corollaire est celui de l’égal accès aux emplois publics ». A cela il ajoute « cette égalité qui suppose une transparence dans l’organisation des concours administratifs apparait comme le seul gage de la paix et de la stabilité sociale. » D’après lui, comment trouver les mots pour une candidate de 30 ans, qui depuis quatre années consécutives (2016, 2017, 2018, 2019) est admissible à la section administrative de la magistrature sans jamais être admise ?
A sa connaissance, les pratiques récurrentes à l’Enam ont été instituées par certaines personnalités qui semblent courir avec le temps et veulent à tout prix caser leur progéniture quel que soit le moyen utilisé. Parlant des deals, le Magistrat indique que « les prix d’achat souvent très élevés varient de 5 à 8 millions FCFA pour le cycle B (niveau Baccalauréat) et de 7 à 12 millions FCFA pour le cycle A (niveau licence et magistrature) ».
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Afin de mettre fin à ces pratiques, il préconise, entre autres mesures : la reprise pure et simple de tout le processus du concours d’entrée à l’Enam session 2019 avec les mêmes candidats aux nouvelles dates ou à défaut l’admission définitive des candidats ayant obtenu au moins deux admissibilités. Ensuite l’admission de tous les candidats âgés de 32 ans qui ont été admissibles lors de cette session de 2019 et qui ont finalement échoué. Aussi suggère-t-il la création d’une direction des concours administratifs à la Présidence de la République ou au Premier ministère chargée de veiller sur la transparence et l’objectivité dans les concours officiels.