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Opinions

Finances: les microfinances préoccupent l’Etat

Du fait des faillites régulières de ces établissements, le ministère des Finances a lancé le 10 septembre dernier le recrutement d’un bureau dans le cadre du programme sur « Protection de la clientèle et de la gouvernance au sein des établissements de microfinance ».

« Protection de la clientèle et de la gouvernance au sein des établissements de microfinance ». C’est l’intitulée centrale d’un avis international à manifestation d’intérêt lancé le 10 septembre dernier par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze. Dans le cadre du programme d’appui à la stratégie nationale de la finance inclusive financé par l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 4 milliards de FCFA, l’Etat du Cameroun, à travers le ministère des Finances (Minfi) veut sauver un secteur en détresse (voir article plus bas).

Selon Louis Paul Motaze, l’avis d’appel à manifestation a pour objet la pré-qualification des cabinets d’études relatif à la mise en place d’une assistance technique pour accompagner le Cameroun dans la mise en œuvre des activités visant l’amélioration de la gestion de la performance sociale, de la protection de la clientèle et de la gouvernance au sein des établissements de microfinance (EMF) au Cameroun.

La participation à cet appel à manifestation est ouverte à tout cabinet disposant d’une expertise dans la mise en œuvre des projets d’inclusion financière et dans le domaine. Les regroupements de cabinets ou bureaux ne sont pas admis.

Le cabinet/bureau d’études retenu à l’issue de l’appel d’offres restreint sera chargé, entre autres, de réaliser le diagnostic global du secteur des EMF au Cameroun en matière de gouvernance ; élaborer une feuille de route, au plan national, pour la mise en œuvre des mesures relatives à l’amélioration de la gouvernance dans les microfinances ; renforcer les capacités des responsables des institutions de supervision des EMF, les experts locaux sélectionnés pour coacher les EMF, etc.

L’assistance aura également pour but de transférer le savoir-faire à des ressources locales. Ainsi, l’assistance technique retenue devra réaliser les travaux en binômes avec ces ressources locales (experts locaux et cadres du Programme, du Minfi, du Conseil national du crédit et de l’Anemcam).

Pour ce qui est des références des candidats, pour chaque service exécuté par contrat, il devra indiquer : la désignation de la mission, le pays, et le lieu, le personnel spécialisé fourni par le bureau d’études, le nom et l’adresse du client ou du maître d’ouvrage, le nombre d’employé ayant participé à la mission, la durée, la valeur financière approximative du contrat, le nom des éventuels consultants associés, etc.

Pour mémoire, 412 établissements de microfinance sont autorisés à exercer leurs activités sur le territoire camerounais. Ces structures, qui contribuent à 10% au financement de l’économie nationale, étaient au nombre de 500 en 2015

Chaque dossier en français ou en anglais en trois exemplaires dont l’original et deux copies devra parvenir à la direction des ressources financières et du patrimoine du ministère des Finances dans un délai de 21 jours ouvrables à compter de la date de publication de l’appel à manifestation d’intérêt [donc au 31 septembre 2019] soit par courrier express soit déposé contre récépissé.

Les dossiers enregistrés seront examinés par une commission technique mis en place par le Minfi. A l’issue de l’évaluation, seuls les candidats ayant totalisé une note technique égale à 70 points sur 100, seront retenus pour participer à l’appel d’offres international restreint. Il sera adressé aux prestataires présélectionnés une invitation à soumissionner.

Pour mémoire, 412 établissements de microfinance sont autorisés à exercer leurs activités sur le territoire camerounais. Ces structures, qui contribuent à 10% au financement de l’économie nationale, étaient au nombre de 500 en 2015. Dans l’intervalle, beaucoup ont mis la clé sous le paillasson, laissant leurs clients dans le désarroi, du fait des écueils managériaux.

Au 31 décembre 2017, le volume des créances en souffrance recensées dans les établissements de microfinance en activité au Cameroun,  s’élevait à 106, 4 milliards de francs Cfa

Afin d’assainir ce secteur important dans le processus de l’inclusion financière, du fait de la capacité des EMF à intervenir jusque dans les zones rurales, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) vient de mettre en place un nouveau dispositif réglementaire régissant l’activité de microfinance. Plus rigoureux en matière de contrôle, de gestion, de profil des dirigeants et de constitution du capital minimum, ce nouveau dispositif a été détaillé aux responsables des établissements de microfinance de la Cemac, rassemblés le 26 juin 2018 à Yaoundé, la capitale camerounaise. Les EMF des six pays de la Cemac ont jusqu’au 1er janvier 2020, pour s’y conformer.

 

Les EMF les créances en souffrance

Au 31 décembre 2017, le volume des créances en souffrance recensées dans les établissements de microfinance en activité au Cameroun,  s’élevait à 106, 4 milliards de francs Cfa, a-t-on appris le 21 juin 2018 à Yaoundé, la capitale du pays. C’était à l’occasion du lancement de la Centrale des risques des établissements de microfinance, dispositif servant désormais à centraliser les informations sur les demandeurs de crédits, afin de permettre aux établissements de microfinance de maîtriser le profil des emprunteurs.

A l’échelle de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), qui regroupe six pays (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA, Guinée équatoriale), le secteur de la microfinance au Cameroun détient un portefeuille plus pourri que celui de l’ensemble de ses confrères de la Cemac réunis, en 2016. En effet, selon le rapport sur la stabilité financière en Afrique centrale, rendu public au début de cette année par la Banque centrale des Etats de la Cemac, au 31 décembre 2016, les créances en souffrance dans les EMF de cet espace communautaire «se sont élevées à 71,7 milliards de francs Cfa (soit 35 milliards de francs Cfa de moins que le Cameroun en 2017, Ndlr), représentant environ 13,4 % des crédits bruts». Le rapport précise, par ailleurs, que ces créances sont «concentrées au Cameroun (79 %) et au Gabon (13 %)».

Au demeurant, la qualité du portefeuille crédit des EMF camerounaises reflète également le dynamisme du secteur dans ce pays. En effet, en plus de compter, à lui tout seul, 523 EMF sur les 829 structures de ce type recensées dans la zone Cemac en 2016, le Cameroun a affiché 65% des crédits distribués dans le secteur de la microfinance dans cet espace communautaire, la même année.

Les chiffres de l’année 2017 confirment ce rôle prépondérant que joue la microfinance dans le financement de l’économie camerounaise. Selon le ministère des Finances, les dépôts des EMF en 2017 représentaient 16,6% des dépôts globaux enregistrés dans le pays, tandis que les crédits octroyés par ces structures, qui desservent jusqu’aux zones rurales, représentaient 13,9% du financement total de l’économie nationale.

Fonctionnelle depuis le 21 juin dernier, la Centrale des risques pour les établissements de microfinances (Cremf) au Cameroun est déjà alimentée par près de 98 structures financières, selon le ministère en charge des Finances (Minfi). A ce jour, indique  le Minfi, la Cremf est alimentée par les données de 14 banques, en activité au Cameroun, de tous les huit établissements financiers publics, dont la Campost, et de 76 microfinances de 2ème catégorie. La généralisation de l’accès des EMF auprès de ladite centrale est en cours, précise le ministère des Finances.

Pour mémoire, l’Etat camerounais a mis en place la Centrale des risques pour les établissements de microfinances, eu égard à la montée en puissance du rôle des EMF (3 millions de comptes en 2017 contre 2 millions dans le secteur bancaire) dans le système financier national d’une part, et au niveau préoccupant des créances en souffrance (106 milliards FCFA, en 2017) d’autre part. C’est donc pour réduire l’asymétrie d’informations et renforcer la robustesse du système et la stabilité du secteur financier, à travers la sécurisation de l’octroi des crédits aux agents économiques, que le Comité national de la dette du Cameroun a mis en place la Cremf.

La Cobac veille sur le fonctionnement

De nouveaux montants s’appliquent désormais pour constituer le capital social des établissements de microfinances dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Selon le nouveau règlement diffusé actuellement par la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac), le capital social des EMF de 2è catégorie, passe de 50 millions à 300 millions suivant le chronogramme ci-après : 100 millions au 1er janvier 2018, 150 millions FCfa au 1er janvier 2019, 200 millions au 1er janvier 2020, et 300 millions  FCFA au 1er janvier 2021.

Pour les EMF de 3è catégorie, le capital social augmente de 25 millions à 150 millions suivant les délais ci-après : 50 millions au 1er janvier 2018, 75 millions au 1er janvier 2019, 100 millions au 1er janvier 2020 et 150 millions au 1er janvier 2021. Dans ces innovations, la Cobac ne mentionne pas de changement pour les microfinances de première catégorie. En règle générale, ce type d’EMF ne nécessite pas un capital ou une dotation minimum. Cette catégorie d’établissement procède juste à la collecte de l’épargne des membres qu’il emploie en opérations de crédit, exclusivement au profit de ceux-ci (type associatif, coopératif, mutualiste)

Selon les informations disponibles au ministère des Finances du Cameroun, le secteur de la microfinance comptait en 2017, 840 EMF dans toute la région de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et la Guinée équatoriale). Le total bilan de ces 840 établissements en 2017, est chiffré à 854 milliards FCfa, pour des crédits bruts de 354 milliards, constitués principalement des crédits à court terme. Les dépôts de la clientèle sont de l’ordre 672 milliards, constitués pour l’essentiel, des dépôts à vue.

 

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