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Energie électrique : comment Memve’ele améliore déjà l’offre dans le RIS

Avec déjà 65 MW injectés dans le Réseau Interconnecté Sud, la qualité de service s’est nettement améliorée dans les villes d’Ebolowa, Mbalmayo, Yaoundé et leurs environs, si on exclut quelques soucis inhérents à la maintenance du réseau de distribution d’Energy of Cameroon (Eneo). Mais cette exploitation de la centrale hydroélectrique pose problème pour le moment parce qu’elle n’est pas encadrée. Le statut juridique de l’Unité opérationnelle du projet de Memve’ele étant en cours de validation.

Les effets positifs de la mise en service partielle du barrage hydroélectrique de Memeve’ele dans sont donc déjà perceptibles dans une partie du Réseau Interconnecté Sud (RIS), qu’il dessert. Il faut rappeler que la distribution de l’énergie électrique au Cameroun est subdivisée en trois réseaux : le Réseau interconnecté Est  (RIE) qui couvre la région de l’Est, le Réseau Interconnecté Nord  (RIN) qui couvre les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua et le Réseau interconnecté Sud (RIS) qui couvre les régions du Nord-Ouest, le Sud-Ouest, l’Ouest, le Littoral, le Sud et le Centre. Et  depuis, le 14 avril 2019, date de mise en service partielle du barrage de Memve’ele, à travers un raccordement temporaire entre la ligne haute tension Memve’ele 225 KV et la ligne 90 KV de EDC (PRERETD) au niveau de Minlamizibi par Ngoulemakong. Une jonction provisoire qui permet aujourd’hui de disposer des premiers MW injectés dans le RIS. Au 14 août 2019, 45 MW d’énergie électrique étaient disponibles. Et, depuis le 15 août, ce sont 65 MW d’énergie qui sont injectés sur le RIS. Aux dires d’Eneo, cette montée d’offre en énergie électrique provenant du barrage de Memve’ele, sera progressive au fur et à mesure que la ligne de transport sera disponible. Ce barrage contribue donc déjà énormément à l’amélioration de la qualité  de l’offre en énergie électrique sur le RIS. A titre d’exemples, depuis le démarrage de la mise en service de barrage, la ville d’Ebolowa et ses environs ont une offre en énergie électrique stable, précise-t-on, à la direction régionale d’Eneo Sud. Idem pour la ville de Mbalmayo et ses environs. Néanmoins, si on exclut quelques soucis inhérents à la maintenance du réseau de distribution d’Energy of Cameroon (Eneo).

On se souvient que c’est le 16 avril 2019, au terme d’une série de tests effectués trois jours plus tôt, que le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a présidé sur le site abritant le barrage hydroélectrique de Memve’élé, dans la région du Sud, une cérémonie dite de « mise sous tension » de cette infrastructure énergétique, dont la mise en service est attendue depuis 2017. Cette « mise sous tension », avait-on appris, permet à cette infrastructure d’une capacité de production de 211 MW, d’injecter 80 premiers mégawatts au profit des ménages et des entreprises. Initialement annoncée pour la fin de l’année 2018, puis pour le premier trimestre 2019, cette opération effectuée à partir de la ville de Mbalmayo, a finalement eu lieu le 16 avril dernier. En clair, alors que sa mise en service est attendue depuis 2017, pour augmenter de plus de 200 MW, les capacités de production du pays, le barrage de Memvé’élé ne joue toujours pas pleinement son rôle dans la lutte contre le déficit énergétique ambiant au Cameroun. La faute au retard pris dans la construction de la ligne de transport de 300 km, qui sépare la localité de Nyabizan (site du barrage) à Yaoundé, la capitale du pays. Au regard de l’état d’avancement des travaux de construction de la ligne de transport, notamment entre la ville de Mbalmayo et la capitale, les responsables du projet Memvé’élé annoncent désormais la mise en service définitive au cours de l’année 2020, soit 8 ans après le lancement des travaux de construction du barrage.

Une exploitation pas toujours encadrée

Outre le problème de l’achèvement de la construction de la ligne de transport entre Nyabizan et Yaoundé. L’autre problème dont fait face le barrage de Memve’ele est que l’exploitation de l’énergie électrique issue de barrage hydroélectrique n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière, car le statut juridique de l’Unité opérationnelle du projet de Memve’ele est en cours de validation. Et, la solution provisoire qui avait été préconisée était le transfert des actifs du barrage de Memve’ele dans le patrimoine de la société Electricity Development Corporation (EDC).

Mais cette insertion, de l’avis des responsables de l’Unité opérationnelle de l’aménagement de Memve’ele ne va pas sans risques. En effet, selon leur présentation au cours des concertations qui se sont tenues, au ministère de l’Eau et de l’Energie, en rapport avec ce sujet et donc Ecomatin a eu copie, plusieurs risques rendent complexe cette opération. En effet, du fait de la réception provisoire au 31 décembre 2017 et actée le 08 février 2018, et la mise en service des  groupes de l’usine qui a eu lieu en avril 2019, ces deux actes, informe-t-on, ont des risques potentiels. Notamment, ceux de réclamation financière par l’entreprise Sinohydro, de sinistre sur ouvrages construits et celui politique. Pour le premier, l’entreprise a terminé les travaux depuis juillet 2017 et la réception partielle n’a pu avoir lieu qu’en février 2018. Et donc en décembre 2018, l’entreprise devrait demander la réception définitive pour lever ses garanties et caution. L’entreprise ne peut pas avoir la réception provisoire, ni définitive des groupes de l’usine, car conditionnée par les essais sur la ligne 225 KV au poste de Ahala. Hors, les travaux de cette ligne sont en retard à cause des problèmes de paiement des décomptes, ainsi que la libération de l’emprise par l’Etat. L’entreprise est donc, indique-t-on, en droit de faire une réclamation pour ses frais financiers et son équipe maintenue sur site depuis décembre 2017 jusqu’à la fin des travaux de la ligne et des essais.

Risque de sinistre sur ouvrages construits

Les essais individuels des groupes ont été effectués par la Sonatrel et sont concluants. Ce qui permet une évaluation partielle de l’énergie produite via un raccordement provisoire qui a été effectué. Ceci présente deux risques : un risque de stabilité du réseau existant car, il n’y a pas eu d’étude de stabilité et d’intégration de cette nouvelle solution ; un risque de dommage sur les ouvrages, n’ayant pas fait d’étude de stabilité et d’intégration, et utilisant deux tronçons de ligne en chantier et non réceptionnés, il y a un risque potentiel de sinistre d’une ligne par défaut éventuel de l’autre. Il y a à noter, précise-t-on, qu’on a la ligne de Memve’ele et la ligne de EDC en chantier. Les conditions d’exploitation de ces lignes et postes ne sont pas claires, ni côté Sonatrel, ni côté entreprise et maître d’ouvrage délégué.

Risque politique et financier

Actuellement 65 MW environ sont injectés dans le réseau Eneo. L’entreprise Sinohydro demande la réception de l’usine. Or d’après le contrat, ce n’est qu’après les essais à Ahala (dans 15 mois au meilleur des cas). Elle se propose donc, apprend-on, d’arrêter les groupes qui sont sous sa responsabilité et redémarrer seulement en fin 2020. Par ailleurs, pour que Sinohydro commence à travailler au poste de Ahala où le courant de Memve’ele sera injecté, il faut démonter les équipements du Plan Thermique d’Urgence  (PTU) (40 MW) par Eneo. Cet arrêt des groupes serait un risque politique et une perte financière énorme car, le Cameroun doit déjà commencer à rembourser la dette. « Même avec 45 MW, nous avons déjà plus de  34 000 MGWh injectés dans le réseau en un mois », affirme-t-on à l’Unité opérationnelle.

 

 

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