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Opinions

Présidence de la République : le scandale de l’entretien des résidences présidentielles

Alors que ces villas sont à l’abandon et envahies par l’herbe, les lignes budgétaires affectées à cette fin sont entièrement consommées d’année en année dans l’opacité la plus totale.

Au sommet du Mont-Febe, à un jet de pierre du Palais de l’Unité, à Yaoundé, est juchée la fameuse résidence des hôtes. Ce lieu pittoresque et chargé d’histoires est d’abord et avant tout une résidence présidentielle, construite par l’ancien président de la République, Ahmadou Ahidjo, dans les années 1970. La dernière plus haute personnalité à y avoir séjourné officiellement est le roi du Maroc, Mohammed VI. D’abord, en janvier 2001 lors du Sommet France-Afrique qu’accueillait cette année-là le Cameroun, puis en juin 2004, alors qu’il effectuait une visite d’amitié et de travail dans la capitale camerounaise. Depuis lors, cette villa, bien que surveillée de jour comme de nuit par des soldats de la Garde présidentielle (Gp), est dans un état piteux qui renseigne qu’elle n’a pas été entretenue depuis plusieurs années. Tout le pourtour du mur d’enceinte est envahi par de hautes herbes qui en rajoutent paradoxalement à son charme tropical. La cour intérieure est recouverte de feuilles d’arbres caducs qui la parsèment, et les murs profondément défraichis par les intempéries.

Face à cette image, l’on en vient très vite à trouver moins scandaleuse la situation de la résidence de souveraineté de Garoua (Nord), tombée en désuétude depuis plusieurs années. Ou encore celle du pavillon présidentiel de Maroua dans l’Extrême-Nord, pourtant réaménagé il y a moins d’un an, en prévision de la visite de Paul Biya dans la ville à l’occasion de la campagne présidentielle de 2018. A Ngaoundéré dans la région de l’Adamaoua, le prédécesseur de Paul Biya avait construit un domaine de cinq palais, dont une résidence principale réservée au président de la République. Bien que gardés par des éléments de l’armée, ils sont dans un piteux état depuis plusieurs années.

Impair présidentiel

Autre résidence de souveraineté dont l’état de délabrement blesse la conscience, c’est celle du quartier Bonanjo, à Douala. De retour d’un voyage à Abuja au Nigeria, en octobre 2012, le chef de l’Etat dont l’avion avait atterri en début de soirée – chose rare – dans la capitale économique avait surpris tout le monde en poursuivant son voyage par route. Peu avant son arrivée, une équipe de la sécurité présidentielle avait été dépêchée au niveau de la villa pour procéder aux vérifications d’usage. « Ces émissaires ont fait une découverte pour le moins spectaculaire : il y a de la moisissure partout, du mobilier a disparu, il y a des fissures au sol et sur les murs. Sur ces entrefaites, Paul Biya doit prendre la route de nuit. Il n’a de résidence à Douala que de nom », avait commenté le journal Le Jour en mars 2012. Le chef de l’Etat venait donc de réaliser que les lignes budgétaires affectées d’année en année à l’entretien des palais et résidence présidentiels sont utilisés à d’autres fins ou simplement détournées et affectées à des projets privés. Et, officiellement, personne n’a jamais payé pour cet impair présidentiel. Des sources citées par Le Jour parlent de 100 millions Fcfa, mais l’enveloppe gérée par le Cabinet civil de la présidence de la République serait beaucoup plus importante, à en croire d’autres sources. « Du matériel existe, notamment pour l’entretien des jardins. Mais, même le simple carburant fait défaut. L’argent réservé pour est détourné par une poignée d’individus, sinon par un seul », dénonce un fonctionnaire de la présidence de la République.

Depuis plusieurs années, ces fonds publics sont gérés dans l’opacité la plus totale. En dehors du palais présidentiel de Buea dans le Sud-Ouest, qui avait été réhabilité dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de la Réunification en 2014, et où Paul Biya a séjourné à cette occasion, et de celle de Bertoua, l’ancien résidence officielle des gouverneurs de la région de l’Est réhabilitée la veille de la pose de la première pierre du barrage hydroélectrique de Lom-Pangar, l’absence d’entretien est le lot commun des résidences et pavillons présidentiels.

Chutes de Nachtigal

C’est le cas de celle de Bamenda (Nord-Ouest), qui a pourtant été réhabilitée à la faveur du cinquantenaire des armées en 2010. Neuf ans après, elle est méconnaissable. C’est également le cas de Kribi dans l’Océan, où la belle villa de rêve construite au bord de la mer par Ahmadou Ahidjo est sécurisée, mais pas suffisamment entretenue. Dans la région du Centre, plus précisément au niveau des chutes de Nachtigal sur le fleuve Sanaga (Batchenga dans la Lekié), la résidence où l’ancien chef de l’Etat reçut son homologue français, Georges Pompidou en visite au Cameroun, en 1971, est envahie par la broussaille.

Il y a quelques années, un gendarme à la retraite, ancien commandant de la brigade de gendarmerie de Batchenga y vivait avec son harem de femmes et ses dizaines d’enfants. Il pratiquait l’agriculture sur la dizaine d’hectares qui entoure cette villa, avant d’être délogé par le Cabinet civil de la présidence qui la fait garder depuis lors par des éléments de la Garde présidentielle.

Celle d’Ebolowa avait été entièrement reconstruite à près d’un milliard Fcfa en 2010, peu avant la tenue du Comice agropastoral organisé début 2011 dans le chef-lieu de la région du Sud. Peu après l’événement et le départ du président de la République, il avait fait l’objet d’un pillage qui n’a jamais véritablement été élucidé.

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