CDC : 32 milliards de FCFA de pertes en 6 mois d’arrêt de travail
Les besoins de financement pour une relance de la Cameroon Development Corporation (CDC) s'élèvent à 30 milliards de FCFA. L'unité de conditionnement de Mafandja l, complètement détruite par les séparatistes anglophones, nécessitent la bagatelle de 150.000.000 de FCFA.
C’était le 18 janvier 2018 face à la presse. Franklin Ngoni Njie, le directeur général de la Cameroon Development Corporation (CDC) lançait, dans la désolation, un véritable cri d’alarme à l’endroit du gouvernement: «nous avons besoin de sécurité pour protéger nos employés et nos champs des attaques répétées des gens qui ne veulent pas nous voir réussir. Des personnes indésirables ont envahi nos plantations et récoltent ce qu’ils n’ont pas semé. Nous avons besoin d’une intervention urgente du gouvernement», s’était-il exprimé. Un rapport présenté, fin 2018, par le Groupement Interpatronal du Cameroun (Gicam) confirmait la situation catastrophique de la CDC. Ledit rapport estimait à 12 milliards de FCFA, les pertes enregistrées par cette société depuis le déclenchement de la crise anglophone en octobre 2016.
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Rendu à juillet 2019, le secteur bananeraie de la CDC a quasiment rendu son dernier souffle. Malgré le semblant d’activité au siège de l’entreprise, la morosité réapparaît rapidement. Contexte sécuritaire oblige, c’est sous anonymat que les responsables de la CDC livrent de précieuses informations. De juillet 2017, date de la première attaque des bandes armées séparatistes dans une des plantations CDC, à août 2018, date de la dernière incursion sécessionniste à «Pongo Farm», autre plantation CDC, c’est l’arrêt total d’activités dans les aires de plantation et station de conditionnement CDC. Ici à Mafandja l Park House, l’une des 18 unités d’emballage de banane de la CDC, le spectacle est ahurissant: l’usine aujourd’hui gardée par des éléments de l’armée camerounaise, a été entièrement saccagée par les rebelles anglophones. «Les dégâts sont évalués à 150 millions de FCFA», révèle un cadre de la CDC, toujours sous anonymat.
Nous apprendrons que c’est depuis le 31 août 2018 que les employés du pôle banane de la CDC, dont 72 victimes d’exactions séparatistes, ont cessé toute activité. Un autre cadre autorisé de la CDC estime à « 32 milliards de FCFA, les pertes enregistrées par la CDC depuis janvier 2019». Ce dernier, visiblement exaspéré, reconnait que la CDC est désormais placée sous le statut juridique de «force majeure». Ce qui emporte pour conséquence contractuelle avec l’Etat du Cameroun, un appui financier public.
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Pour reprendre ses activités, la CDC sollicite un financement de 29 milliards de FCFA du gouvernement camerounais: «7 milliards sont nécessaires dans le secteur de l’hévéa, 14 milliards pour les bananeraies, 7 milliards pour les palmeraies. Le reste devrait servir à financer les arriérés de salaires», selon Franklin Ngoni Njie. Les employés du secteur banane de la CDC subissent en effet de plein fouet la cessation d’activités de la CDC. Ces derniers accusent depuis juillet 2019, 12 mois d’arriérés de salaires. La CDC dispose d’un capital social de 35,7 milliards de FCFA. Dotée d’espaces cultivables constitués de banane, hévéa et huile de palme sur 42.000 hectares. La CDC est, après la Fonction publique, le deuxième employeur du Cameroun avec officiellement 22.036 employés temporaires et permanents. Le pôle banane de la CDC emploie 7000 Camerounais venus de toutes les régions, dont 2500 femmes.