Projets intégrateurs : la Bdeac attribue l’échec aux Etats
La Banque de développement des Etats de l'Afrique centrale juge la majorité des projets présentés par les pays de la Communauté des Etats de l'Afrique centrale immatures. L'institution évoque le mauvais choix de projets à financer par certains pays de la sous-région.
Le financement des projets intégrateurs était au centre de la réunion de haut niveau tenue à Douala du 5 au 6 juillet 2019 entre les ministres des finances, les partenaires au développement et experts sur les questions de finance et d’économie de la zone Cemac. Seulement 13 projets intégrateurs ont été sélectionnés pour la période 2017/2020. Pour la première phase du Programme économique régional (Per) de la zone Cemac, les projets retenus n’étaient «pour la plupart qu’au stade d’idées de projets, sans étude de faisabilité préalables pour juger de leur bancabilité, leurs impacts socioéconomiques et environnementaux», a reconnu avec regret le président de la Banque de développement des Etats de l’Afrique Centrale (Bdeac), Fortunato-Ofa Mbo Nchama à l’entame de cette réunion. Le décalage entre les prévisions prioritaires des Etats et la programmation communautaire a été en partie à l’origine de nombreux échecs de projets intégrateurs. Ce dysfonctionnement de planification était d’ailleurs au centre de la 14ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et la 8ème session du Comité de pilotage du Pref-Cemac.
Maturation des projets Intégrateurs
D’après les chiffres rendus publics par la Bdeac, le portefeuille régional des projets enregistre à ce jour 13 projets sélectionnés pour la période 2017-2020, dont 7 en cours. Les retards observés dans les autres projets, sont liés aux manquements divers dans l’élaboration desdits projets. Le Cameroun fait pourtant office de bon élève parmi les Etats de la sous-région. La locomotive de l’Afrique centrale a en effet reçu, à l’occasion des travaux de Douala, le satisfecit du Comité d’étude des projets intégrateurs matures.
Pour Charles Assamba Ongodo, directeur général de la Coopération et de l’intégration régionale au Minepat, «avec dix projets matures présentés, le Cameroun détient la palme d’or des projets donc la maturité a plus de chance d’obtenir des financements. Ces projets sont diversifiés, avec une large prédominance des projets infrastructurels. Il y a aussi les pôles d’excellence, parce qu’il ne faut pas que faire dans les infrastructures, il faut développer les compétences. Il y a donc des pôles d’excellence avec l’université inter-Etats de Sangmélima».
Le Cameroun contrairement à ses pairs de la sous-région a opportunément présenté au Comité, des projets diversifiés dans des domaines savamment sélectionnés: nouvelles technologies de l’information et de la communication, numérique, développement de la fibre optique, etc. Ce, en prélude aux importants rendez-vous attendus dans ce pays: le CHAN 2020 et la CAN 2021, notamment. « Ce sont des projets diversifiés parce que nous voulons être en cohérence avec la deuxième phase de notre programme, qui vise non seulement une intégration physique mais aussi du commerce. Il faut qu’on ait les capacités pour pouvoir échanger entre nous, ce d’autant que nous avons à l’horizon, la zone de libre-échange continental et nous voulons nous positionner pour être compétitif », précise encore Charles Assamba Ongodo. Dans sa casquette de président du Comité inter-Etats, Charles Assamba Ongodo est toutefois ferme sur l’une des conditions requises pour bénéficier des financements des projets par la Bdeac: «….La condition essentielle pour qu’un projet soit éligible au financement, c’est sa maturité. Les bailleurs privilégient les projets matures avec un intérêt intégrateur».
Il est rejoint dans cette appréciation par le chef de division Energie, infrastructure et secteur financier à la Banque africaine de développement (Bad), le Dr. N’Guessan Joseph Kouassi, qui pense que le Cameroun «a mis en place une matrice de maturation des opérations, qui fait en sorte que chaque projet soumis au Comité national de la dette publique remplisse les critères. Ce sont des éléments positifs que nous saluons au niveau de la banque et donc nous voulions que les autres régions s’inspirent. Pour les bailleurs de fonds, un projet ne peut être instruit désormais que lorsqu’il satisfait aux conditions de priorisation interne aux pays.».
Zone de libre échange
Pour une convergence des plans de développement nationaux des pays avec les des objectifs de développement durable (Odd), à l’horizon 2030, et les défis de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) d’urgents préalables s’imposent à l’Afrique centrale: un nouveau portefeuille actualisé des projets matures, le suivi des projets par les Etats, la fourniture des fiches détaillées des 13 projets-phares, associés aux nouveaux projets intégrateurs, pour une meilleure identification et la promotion auprès des bailleurs de fonds, une amélioration de la visibilité des projets et du dialogue avec les parties prenantes (bailleurs/Etats/Commission), avec un accent sur l’engagement des Etats membres et une meilleure préparation des dossiers pour la recherche des financements. Depuis le lancement de cette initiative, 1,2 milliard de Fcfa ont été mobilisés pour le financement des projets intégrateurs physiques dans la zone CEMAC.