12 immeubles inachevés rétrocédés à la ville de Douala
La lettre d’intention entre Célestine Ketcha Courtès et Roger Mbassa Ndine a été paraphée ce 5 octobre 2020 à Douala.
La lettre d’intention a été signée en marge de la 34ème édition de la journée mondiale de l’habitat, entre Célestine Ketcha Courtès, la Ministre de l’habitat et du développement urbain (Minhdu), et le Maire de Douala, Roger Mbassa Ndine. La lettre d’intention porte précisément sur le transfert en gestion et exploitation de 12 immeubles urbains bâtis dans le cadre du programme gouvernemental de construction de 10.000 logements à Mbanga Bakoko, dans la ville de Douala. Ainsi que sur la mise à disposition de 5 hectares de terrain sur le site de Mbanga Bakoko «pour la construction de logements décents à loyer modérés», mentionne l’accord de principe du ministre de l’habitat et du développement urbain marqué au profit de la Communauté urbaine de Douala (CUD).
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Bien que louable, l’initiative laisse quelque peu songeur. De quoi s’agit-il exactement? Quel est la nature des immeubles objets de l’accord ? Deux questions essentielles. Le document provisoire paraphé par Célestine Ketcha Courtès et Roger Mbassa Ndine concerne «les immeubles inachevés» des 1835 logements sociaux de Mbanga Bakoko. Le programme Mbanga Bakoko prévoit en effet un partage de chantiers entre les prestataires chinois (660 logements) et les entrepreneurs camerounais (1175 logements). Alors que les ingénieurs asiatiques ont totalement livrés les immeubles à leur charge de, 90% des prestataires camerounais peinent malheureusement à achever un chantier entamé depuis plus de 10 ans. «Vous avez demandé les marchés, l’Etat du Cameroun vous en a donné. Malheureusement, vous n’avez pas été à la hauteur de la confiance accordée par le gouvernement», avait-elle vivement le 12 février 2020 à l’endroit des petites et moyennes entreprises camerounaises. Plus de 500 logements sociaux attribués aux prestataires locaux ont ainsi été abandonnés.
D’ailleurs déjà occupés par des propriétaires d’un autre genre: des «squatteurs» occasionnels d’origine camerounaise ou centrafricaine. Après une décennie sur ce chantier étroitement suivi par la Présidence de la République, seulement 640 logements sociaux sont en voie de finalisation par quelques petites et moyennes entreprises camerounaises «les plus sérieuses», apprend-on. Il s’agit plus exactement de 14 immeubles de 340 logements achevés, et 300 autres en cours de construction. Le taux d’exécution du lot camerounais se situe ainsi à moins de 70 % après 10 ans de début des travaux !
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D’après les termes de la lettre d’intention bilatérale, la Communauté urbaine de Douala devra «achever les travaux» des immeubles abandonnés. D’où la question fondamentale portant sur le sort réservé aux entreprises locales défaillantes. La plupart des entreprises camerounaises indexées passent plutôt à l’offensive. Accusant l’Etat du Cameroun d’être la source de plusieurs dysfonctionnements techniques: paiement tardif des décomptes, lenteurs administratives, réticence des banques à accorder des crédits, réseaux tentaculaires de corruption de services, passation tardive de marchés etc… Causes d’asphyxie des petites et moyennes entreprises qui pour la plupart disposent d’une surface financière insuffisante.
Les pouvoirs publics accablent à contrario, les pme camerounaises de tous les maux: production de faux documents et de fausses garanties, faible niveau de maturation du projet, main d’oeuvre insuffisante, démarrage tardif des projets, multiplication et multi-découpage des prestations, insuffisance des études préalables, non-respect du cahier de charges etc…
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